vendredi 28 octobre 2011

Des centaines de militaires du Qatar opéraient en Libye

Pour la première fois, un pays, en l'occurrence le Qatar, admet avoir participé aux opérations sur le terrain en Libye. En effet, le général Hamad ben Ali al-Attiya, chef d'état-major qatari, a reconnu que des centaines de soldats du Qatar ont participé aux opérations militaires aux côtés des «rebelles» en Libye.
Pourtant, ce pays, à l'instar des autres participants à l'opération contre le régime de Kadhafi, n'avait parlé que d'une participation aux opérations aériennes, sous le commandement de l'Otan. Le chef-d'état major a été catégorique: «Des centaines de soldats du Qatar étaient présents dans toutes les régions, ils assuraient les opérations d'entraînement et les transmissions». Et d'ajouter: «Nous assurions la liaison entre les rebelles et l'Otan». Le général Hamad ben Ali intervenait devant des journalistes en marge d'une réunion à Doha des chefs d'état-major des pays engagés militairement en Libye. Il a affirmé que les «rebelles» avaient besoin d'une telle aide car il s'agissait de civils qui n'avaient «pas l'expertise militaire nécessaire». Plus tôt, à l'ouverture de la réunion, le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a rendu hommage au Qatar qualifié de «partenaire essentiel dans toutes les batailles que nous avons menées». Il a indiqué que les militaires du Qatar «planifiaient les combats» qui ont permis aux «rebelles» de s'emparer une à une des villes libyennes, jusqu'à la chute de Tripoli fin août.

Paris, Londres et Washington ont engagé le 19 mars des frappes aériennes en Libye, qui se sont ensuite poursuivies sous commandement de l'Otan, sous mandat de l'ONU. Il n'était pas question d'actions terrestres. Pourtant, depuis fin avril, le Royaume-Uni, la France, l'Italie, l'Egypte et les Etats-Unis ont reconnu avoir envoyé des conseillers militaires auprès du CNT. L'état-major français affirmait en août dernier que seuls «quelques dizaines» de conseillers militaires «placés auprès de l'envoyé spécial de l'ONU assurent la liaison pour les affaires militaires avec le CNT». L'Otan avait même formellement démenti toute coordination avec les «rebelles»: «Il n'y a pas de coordination militaire avec les rebelles», avait déclaré en août à Bruxelles sa porte-parole, Oana Lungescu, assurant que la mission de l'Alliance se limitait à «protéger les civils».

Par ailleurs, le président du CNT est revenu à la charge hier pour demander le maintien des forces de l'Otan en Libye au moins «jusqu'à la fin de l'année». Moustapha Abdeljalil a affirmé que sa demande visait en particulier à «assurer la protection des frontières, pour empêcher l'afflux d'armes des pays voisins et protéger les Libyens face aux vestiges du régime de Kadhafi qui ont fui vers les pays voisins». Mardi, le «ministre» du Pétrole et des Finances, Ali Tarhouni, avait déjà annoncé que le nouveau pouvoir libyen souhaitait une prolongation «d'au moins un mois» de la mission de l'Alliance atlantique en Libye. L'Otan a repoussé à vendredi sa décision sur cette question.

Pour sa part, la famille de Kadhafi, après avoir appelé à l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de la mort de l'ex-dirigeant libyen, envisage de porter plainte contre l'Otan pour «crime de guerre» auprès de la Cour pénale internationale. C'est ce qu'a annoncé hier l'AFP citant son avocat français, Me Marcel Ceccaldi. Ce dernier a déclaré à l'agence française que la cause de ce décès avait été «le fait que les hélicoptères de l'Otan aient tiré sur le convoi de Kadhafi, qui a ensuite été achevé.» Selon l'avocat français, l'homicide volontaire est défini comme un crime de guerre par l'article 8 du Statut de Rome de la CPI. Me Ceccaldi n'a pas dit quand la plainte sera déposée, indiquant que son «périmètre» devait encore être précisément arrêté. «L'homicide de Kadhafi montre que les Etats membres n'avaient pas pour but de protéger la population mais de renverser le régime», a-t-il dit. La plainte devrait viser «les organes exécutifs de l'Otan qui ont arrêté les conditions d'intervention en Libye», et remonter la chaîne de responsabilités en amont, jusqu'aux chefs d'Etat des pays de la coalition, a-t-il précisé. «Ou la CPI intervient en tant que juridiction indépendante et impartiale, ou elle ne le fait pas et, alors, la force prime le droit», a poursuivi l'avocat. Kadhafi a été enterré en Libye dans la nuit de lundi à mardi dans un lieu tenu secret, alors que la polémique sur les circonstances de sa mort reste vive.
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5159786

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