dimanche 27 janvier 2013

Aujourd’hui dimanche 27 janvier, en Malaisie, des musulmans brûlent des bibles pour cacher qu’Allah n’appartient pas à l’Islam


Le Rév. John Kennady (1), pasteur de l’Eglise anglicane St Mark à Butterworth, chef-lieu du district de Seberang Perai au nord-ouest de la Malaise, a reçu mardi 22 janvier dans sa boite aux lettre un tract invitant « tous les musulmans de Malaisie » à participer à « une grande fête » pour brûler des bibles en malais, aujourd’hui dimanche 27 janvier à 10 heures, devant le Dewan Ahmad Badawi de Butterworth.
Les organisateurs, un certain « Groupe d’action contre les bibles en malais » inconnu jusqu’à présent, expliquent avoir choisi le dimanche en raison de son caractère sacré pour les chrétiens, et concluent par cette incitation « Donnons leur une leçon ! ».
Que les musulmans décident, pour leurs loisirs du 27 janvier 2012, de se réunir pour humilier les chrétiens en brûlant la bible en place publique n’est pas, malgré les apparences, le sujet central de l’affaire.
Les musulmans réclament que le mot Allah soit « réservé à l’islam »
Non le sujet est bien plus profond, puisqu’à la racine de cette décision existe un fait peu débattu : les musulmans réclament que le mot Allah soit « réservé à l’islam » (honnêtement, cela ne me pose aucun problème existentiel ;-) )
Seulement voilà …
Allah n’est pas un mot musulman !
Un arrêt de la Haute Cour a statué en 2009 en faveur des chrétiens qui ont démontré que Allah n’est pas du tout un mot musulman, qu’il ne doit absolument pas leur être réservé, car c’est en réalité un mot pré-islamique, employé par les chrétiens de langue malaise depuis plus de quatre siècles !
Un coup dur pour Allah
Le mot est en effet pré-islamique, tant dans sa forme masculine (Allah) que féminine (Allat), et vient de l’araméen, selon Arthur Jeffery, professeur de langues sémites à la Columbia Université (Islam: Muhammad and His Religion, 1958) (2), et il existait bien dans des religions polythéistes pré-islamiques (A Guide To The Contents Of The Qur’an. Faruq Sherif, 1995) (3).

Datuk Ibrahim Ali, chef du groupe pro-malais Perkasa et parlementaire proche de l’UMNO-BN, la coalition au pouvoir, a donc, il y a une semaine, appelé à brûler toutes les bibles en langue malaise, car elles emploi le mot « Allah » pour se référer à Dieu ! Le leader extrémiste avait affirmé auparavant que ces bibles mettent en danger d’apostasie ceux qui emploient ce terme « réservé à l’islam ».
La polémique sur l’utilisation du mot « Allah » par les chrétiens revient aujourd’hui, mais elle est récurrente depuis 2007, quand le haut conseil national de la fatwa avait ordonné que ce terme soit réservé aux seuls musulmans, et avait obtenu la suspension de l’hebdomadaire catholique Herald, qui l’utilisait dans sa version malaise.
Le ministre président de l’Etat de Penang, Lim Guan Eng, a déclaré qu’il prendrait « toutes les mesures nécessaires pour empêcher cet acte épouvantable (bruler les bibles) qui met en danger l’harmonie nationale ». Lim Guan Eng, secrétaire du Parti d’Action Démocratique (PAD) d’opposition, avait pris clairement parti dans la polémique sur l’utilisation du mot « Allah » en demandant au gouvernement dans son message de Noël, de reconnaître ce droit à tous.
Dont acte.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
Notes
- En Malaisie, près de 60 % de la population est d’origine ethnique malaise et donc considérée de facto comme appartenant à l’islam, la religion officielle du pays. Les chrétiens sont quant à eux estimés à plus de 9 %, toutes obédiences confondues.
- Le PKR (Parti Keadilan Rakyat), chef de file de la coalition d’opposition, prône la justice sociale et la lutte contre la corruption ainsi que les discriminations ethniques et religieuses.
« Qui détruit un bon livre, tue la raison elle-même. »
Socrate

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