mardi 22 janvier 2013

Le combat contre le totalitarisme islamiste devra d'abord être gagné dans nos têtes

Sur le fond, il fallait intervenir au Mali avant que ne tombe Bamako, pas seulement pour empêcher les djihadistes de continuer à appliquer de force la charia, à couper des mains ou à détruire le pays Dogon mais encore pour leur faire comprendre qu'il existe encore en Afrique comme en Occident des gens qui savent leur dire non, y compris les armes à la main.
En Afrique et au Mali, tout d'abord, qui peut se construire politiquement - car on se construit toujours en creux - dans la lutte contre l'islamisme totalitaire. Au passage, cet antagonisme entre ce dernier, cruel et obscurantiste, et l'islam de l'Afrique Noire, tolérant et syncrétique, constitue la réponse la plus concrète à l’islamophobie de l'ignorance.
C'est ici qu'il faut avoir le courage d’oser dire le mépris dans lequel les Noirs d'Afrique -musulmans, animistes ou chrétiens- auront été tenus par la radicalité arabo-Islamique, non seulement au Mali mais encore dans le Soudan génocidaire, dans la Mauritanie esclavagiste, en Libye ou dans les potentats pétroliers wahabites qui encouragent d'autant plus impunément la croisade verte que droite et gauche françaises réunies les traitent avec une révérencieuse obséquiosité. Il aura fallu toute la prévarication des chefs d'État de l'Afrique Noire et l'aveuglement occidental pour ne pas l'évoquer ou le voir jusqu'à présent.
En Occident, ensuite, où l'on commence enfin à comprendre que le combat contre la barbarie islamiste est un combat mondial, dont la ligne de front élastique passe désormais par Bouake comme par Toulouse. Certes, ce combat doit être gagné d'abord dans les têtes, et il est loin de l’être.
Il commence par celui des mots. Appeler un terroriste, un terroriste. Un terroriste islamiste, un terroriste islamiste et non, comme l'a fait François Hollande, félicité curieusement par l'organe représentatif des musulmans de France (pourtant pas islamiste, à ce que je sache), privé de l’épithète indispensable à son identification. Dans ce domaine du nécessaire courage de nommer, le président devra compter avec les alliés qu'il a cru devoir se trouver.
S'agissant de l'esclavage des noirs que j'évoquais plus haut, je rappelais dans ma "question blanche" que sa ministre, Mme Taubira, lorsqu'on lui demanda pour quelles raisons sa loi éponyme n'incriminait que la seule traite transatlantique occidentale, à l'exclusion du commerce négrier arabe encore plus cruel et durable, avait répondu sans ambages qu'il était hors de question de désespérer les jeunes des banlieues…
Il passe aussi par celui du cœur. Avoir le droit, en certaines circonstances, d'être manichéen. De discerner le bien du mal, et un hybride d'abruti et de gangster, coupeur de têtes et de mains, d'un soldat venu défendre un pays envahi et des principes élémentaires d'humanité. Le droit encore de haïr la haine, sans se voir imposer de sempiternelles leçons de complexité par des simplistes invétérés.
François Hollande, ainsi que son ministre de l'Intérieur, ont également eu raison de ne pas se livrer au procès trop facile de l'Algérie intransigeante envers une terreur islamiste qu'elle ne connaît que trop. Fabius, le lendemain, leur a, évidemment, emboîté le pas. Dommage que notre ministre des affaires étrangères, n'ait pas adopté il y a quelques semaines la même attitude au lieu de renvoyer dos à dos un mouvement islamo-terroriste lanceur de roquettes et le pays qui les recevait.
Sans rentrer dans les détails mal connus d'une opération algérienne peut-être mal menée, il faudra bien un jour accepter de discuter ce postulat indiscutable qui impose en France d'accepter de discuter.
Si l'on veut briser le cercle vicieux s’élargissant du commerce des otages, de ces razzias qui remontent à la piraterie barbaresque, il faut, non seulement à la manière russe, mais encore anglaise, refuser de payer le prix. Et non, comme le fait la France, en versant rançon en catimini tout en bombant le torse en public. Mais pour ce faire, la presse hexagonale devra se livrer à une réflexion minimale sur la nécessité de ne pas entretenir l'émotion indispensable recherchée par les maîtres chanteurs.

Gilles William Goldnadel

Gilles William Goldnadel est un avocat pénaliste aux prises de position contestataires, président fondateur d'Avocats sans frontières. Il fut le défenseur des accusés dans les affaires Sentier I et Sentier II, ainsi que dans l'Angolagate. Il est l'auteur de "Réflexions sur la question blanche" et de "Le vieil homme m'indigne ! : Les postures et impostures de Stéphane Hessel" parus chez Jean-Claude Gawsewitch.

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