lundi 16 septembre 2013

Le gouvernement philippin ferme face aux rebelles musulmans

Attaque meurtrière aux Philippines

 
Les combats s’intensifient dans l’île de Mindanao entre les séparatistes musulmans du Front Moro de libération nationale, qui ont pris des centaines de civils en otage, et les forces régulières philippines.
À propos de Zamboanga, la ville du sud de l’île philippine de Mindanao, théâtre de combats entre le Front Moro de libération nationale (MNLF) et les troupes gouvernementales, le président philippin Benigno Aquino a pris le ton de la fermeté : « Il y a une limite et, une fois qu’elle est franchie, nous serons obligés d’utiliser l’entière capacité de nos forces armées. »
Dans sa ligne de mire, les 300 hommes du MNLF qui ont pris 200 otages comme boucliers humains, un mois après la proclamation de l’indépendance de la « Bangsamoro », la « nation moro musulmane », dont ils voulaient hisser le drapeau sur le toit de la mairie de Zamboanga.
Il y a moins d’un an, pourtant, le président se félicitait que « la paix soit à portée de main », après avoir signé un accord-cadre historique avec la faction rivale du MNLF, le Front Moro islamiquede libération (Milf), qui laissait espérer la fin de quarante ans de conflit entre communautés chrétiennes et musulmanes « moro » sur la grande île du sud des Philippines, Mindanao. Cet accord-cadre devrait permettre la création d’une nouvelle entité autonome, dont le futur gouvernement intérimaire serait assuré par le Milf.

« poussés à bout par le gouvernement »

De quoi mécontenter profondément Nur Misuari, fondateur et dirigeant du MNLF, qui s’est morcelé en plusieurs branches dissidentes, la plupart prêtes à négocier avec le Milf. « Si le MNLF a attaqué Zamboanga, c’est parce qu’ils ont été poussés à bout par le gouvernement », accuse le P. Eliseo Mercado Jr., religieux oblat de Marie-Immaculée à Mindanao, qui dialogue régulièrement avec Nur Misuari. « Il a été délibérément marginalisé au cours des négociations de paix entre le gouvernement et le Milf », souligne-t-il.
« À chaque nouvelle annexe de l­’accord-cadre avec le Milf négociée, il y a un coup d’éclat du MNLF. L’attaque de Zamboanga coïncide avec le début des négociations de la troisième annexe, note François-Xavier Bonnet, chercheur associé pour l’Institut de recherches sur l’Asie du Sud-Est contemporaine (Irasec). Pour Nur Misuari, c’est l’occasion de rappeler au gouvernement qu’il ferait mieux de se concentrer sur la révision en cours des accords de paix de 1996 avec son mouvement. C’est aussi une guerre d’ego. »

la vie des otages

Avec un rapport de force de dix contre un en faveur des forces philippines, il est difficile de ne pas se demander pourquoi la crise n’est pas déjà résolue par les troupes d’élite philippines, formées par les Américains et sur place depuis déjà six jours. « Au centre de la stratégie du gouvernement, il y a un pivot central : la vie des otages », explique François-Xavier Bonnet.
Traumatisée par la sanglante prise d’otages, en août 2010, d’un car de touristes hongkongais par un policier dans le centre de Manille, l’administration Aquino cherche à tout prix à éviter la répétition du même scénario, souligne le chercheur. À l’époque, la presse s’était déchaînée contre le président, deux mois seulement après le début de son mandat. « Pour lui, le seul moyen de sortir la tête haute de cette crise est de sauver tous les otages », ajoute François-Xavier Bonnet.
« Si la crise met autant de temps à se résoudre, c’est aussi parce que certains politiques y jouent leur future candidature à la présidentielle de 2016, regrette le P. Eliseo Mercado. Pour eux, c’est l’occasion ou jamais de jouer au sauveur. » Mais, en une semaine de combats, au moins 51 rebelles, six soldats, un policier et quatre civils ont été tués à Zamboanga.

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Une guérilla ancienne

La guérilla indépendantiste à Mindanao a débuté dans les années 1970. Le bilan s’élève aujourd’hui à 150 000 morts et à des centaines de milliers de personnes déplacées. Depuis 2003, date d’un cessez-le-feu, la violence avait baissé d’intensité. Le président Benigno Aquino, élu en 2010, a fait de la signature d’un véritable accord de paix l’un des principaux objectifs de son mandat, qui s’achève en 2016.
L’île de Mindanao dispose d’importantes ressources naturelles, mais c’est une des régions les plus déshéritées de ce pays déjà pauvre, en raison de décennies de violences. La chambre de commerce de Zamboanga, ville qui abrite un gros centre de conditionnement de la sardine, estime à 50 milliards de pesos par jour (860 millions d’euros) le préjudice causé par les combats en cours.

Anaïs LLobet (à Manille) 

Il est temps pour les peuples qui veulent vivre en paix d'éradiquer ces fous.  

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