lundi 16 septembre 2013

L’Egypte en guerre contre le Hamas dans le Sinaï et à Gaza : Le Hamas pris en tenaille, quelle option lui reste-t-il ?

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Depuis l’éviction de Morsi et la mise à l’écart – voire l’emprisonnement – des cadres des Frères Musulmans, les militaires égyptiens poursuivent la remise en ordre du pays. L’été dernier près de 20 militaires égyptiens ont été tués par les islamistes proches des Frères Musulmans et les djihadistes associés au Hamas dans le Sinaï. En représailles, l’armée du général Sisi a déjà commencé le nettoyage du Sinaï et montre désormais sa détermination à porter un coup fatal au Hamas en s’attaquant à la Bande de Gaza, détruisant les tunnels de contrebande de Rafah et interdisant à la population gazaouie de passer en Egypte. Outre cette confrontation avec l’armée égyptienne, le Hamas subit les assauts d’un mouvement palestinien anti-Hamas – Tamarod – qui se promet d’évincer en novembre prochain, les dictateurs islamistes qui font régner la terreur sur Gaza depuis le 26 janvier 2006.

Analyse de Khaled Abu Toameh.
Le Hamas à deux options: soit s’engager dans une nouvelle confrontation avec Israël pour créer une pression arabe et islamique sur l’Egypte et l’obliger à cesser cette guerre, soit faire face à l’armée égyptienne dans un engagement militaire direct en s’associant avec les djihadistes qui sévissent dans le Sinaï.
Depuis deux mois, les Egyptiens mènent des combats non seulement contre les djihadistes dans le Sinaï, mais aussi une guerre tous azimuts contre le mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Cette guerre occupent deux fronts: dans les médias et le long de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte.
En ce qui concerne le Hamas, c’est une guerre de survie qu’il ne peut se permettre de perdre.
La guerre égyptienne fait manifestement beaucoup plus de mal au Hamas que les deux offensives militaires lancées par les Forces de Défense Israéliennes dans la bande de Gaza depuis 2008.
Les responsables du Hamas à Gaza parlent maintenant ouvertement de la guerre égyptienne, qui pensent-ils, vise à renverser leur régime sur place.
Les responsables admettent qu’ils n’étaient pas préparés à cette guerre venant du plus grand pays arabe, qui jusqu’en Juin dernier était leur principal allié dans les pays arabes et islamiques.
Depuis le départ du président d’Egypte Mohamed Morsi, les médias égyptiens contrôlés par l’État ont transformé le Hamas en ennemi numéro un du pays.
Presque chaque jour, un journal égyptien publie un article sur les tentatives permanentes du Hamas pour saper la sécurité nationale de l’Egypte, et son implication dans des attaques terroristes contre l’armée égyptienne.
Les militants du TAMAROD, mouvement anti-Hamas,
Les militants du TAMAROD, mouvement anti-Hamas,
Les porte-paroles du Hamas dans la Bande de Gaza passent désormais la plupart de leur temps à nier les allégations des médias égyptiens en les accusant de mener une campagne de dénigrement non seulement contre leur mouvement, mais contre tous les Palestiniens.
L’offensive médiatique a été accompagnée d’une série de mesures de sécurité qui ont convaincu les dirigeants du Hamas, qu’ils étaient en ​ guerre contre l’Egypte.
Outre l’interdiction des représentants du Hamas d’entrer en Egypte, les autorités égyptiennes ont imposé des restrictions de circulation sévères aux résidents de la bande de Gaza.
Le point de passage de Rafah entre Gaza et l’Egypte a été fermé la plupart du temps au cours de ces deux derniers mois par les autorités égyptiennes qui ont invoqué des «raisons de sécurité ».
Mais la mesure la plus radicale prise par les Egyptiens jusqu’à présent, et qui cause un tort énorme au Hamas, est la destruction de centaines de tunnels de contrebande le long de la frontière avec la bande de Gaza.
Les Egyptiens sont maintenant en cours de création d’une zone tampon entre la bande de Gaza et l’Egypte après avoir rasé plusieurs maisons et nivelé la terre le long de la frontière.
Ce sont les mêmes Egyptiens qui se permettaient de condamner Israël pour toute frappe militaire visant à contrecarrer les attaques de roquettes depuis la bande de Gaza contre les villes et villages israéliens.
Toutes ces mesures ont incité certains responsables du Hamas à se demander si l’Egypte avait l’intention de lancer une opération militaire dans la bande de Gaza sous prétexte de lutte contre le terrorisme.
Le Hamas estime que dans le cadre de cette guerre, les services de renseignement égyptiens sont derrière un nouveau groupe appelé Tamarod [ rébellion ] dont les membres ont juré de renverser le régime du Hamas en Novembre. Au cours des dernières semaines, le Hamas a arrêté des dizaines de Palestiniens dans la bande de Gaza, soupçonnés d’être impliqués dans ce nouveau groupe, qui porte le même nom que le mouvement égyptien qui a fait campagne contre Morsi .
Les mesures de sécurité égyptiennes ont jusqu’à présent donné lieu à une grave pénurie de produits de première nécessité et de carburant dans la bande de Gaza. Certains dirigeants du Hamas ont averti cette semaine que la bande de Gaza est confrontée à une crise économique et humanitaire à la suite des mesures prises par l’armée égyptienne.
Jusqu’à récemment, les dirigeants du Hamas ont pris soin de ne pas s’engager dans une confrontation directe avec les nouveaux dirigeants de l’Egypte. Mais ces derniers jours plusieurs responsables du Hamas ont commencé à considérer les mesures de sécurité de l’Egypte comme un acte de guerre contre la bande de Gaza.
Pour l’instant, les Egyptiens ne veulent pas admettre qu’ils sont en guerre contre le Hamas, préférant décrire leurs mesures dans le cadre d’une campagne contre le terrorisme. Le Hamas, pour sa part, a intériorisé le fait qu’il est en guerre avec l’Egypte.
Le Hamas est à présent dos au mur, de plus en plus isolé, et confronté à deux options: soit s’engager dans une nouvelle confrontation avec Israël pour créer une pression arabe et islamique sur l’Egypte pour qu’elle cesse cette guerre, ou faire face à l’armée égyptienne dans un engagement militaire direct en s’associant avec les djihadistes qui sévissent dans le Sinaï.
Sources : Gatestone Institute – 12 septembre 2013 – Par Khaled Abu Toameh
Traduction Nancy Verdier

 
 
 

 
 

 

 

 

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