jeudi 27 juin 2013

Alors Que L’Egypte Titube Au Bord De La Guerre Civile, Des Milices Locales Émergent. Obama Garde Foi Dans Les Frères Musulmans.


egypt-riots 6.2013
Les émeutes anti-gouvernementales balaient l’Egypte


Après des semaines de montée en flèche de l’agitation anti-gouvernementale à travers l’Egypte, le chef de l’armée Abdel-Fattah al-Sissi s’est finalement exprimé le Samedi 23 juin, pour mettre en garde du fait que l’armée égyptienne « ne resterait pas observer, les bras ballants le pays sombrer dans un conflit incontrôlable », en prévision des « rassemblements de masse de l’opposition, le 30 juin », ni n’autoriserait une « atteinte à la volonté du peuple ».

Dans le même temps, l’Egypte vacille, jour après jour, toujours plus près de ce que les renseignements américains et israéliens diagnostiquent comme « une guerre civile de basse intensité ». Dans les villes éloignées du centre, la loi et l’ordre sont tombés en désuétude, pendant que des gangs armés attaquent les gouverneurs et brûlent les emblèmes du gouvernement, et que les Frères Musulmans au pouvoir déploient des hommes armés pour tenir tête aux opposants du gouvernement. La police n’intervient pas pour rétablir l’ordre – pas plus que l’armée, à ce jour.

Les sources militaires de Debkafile notent que le Ministre de la Défense al-Sissi a évité de définir quel camp les généraux perçoivent comme « représentant la volonté du peuple » - le Président Mohamed Morsi, qui les a poussé hors de la scène nationale, ou les myriades de groupes de l’opposition qui ont juré de le renverser, pour le premier anniversaire de son accession au pouvoir. Ils visent à le remplacer par un haut conseil présidentiel, conduit par un juge de la Cour Suprême. Un certain nombre de groupes de l’opposition affirment avoir collecté 15 millions de signatures qui soutiennent leurs exigences.

S’ils réussissaient dans leur tentative à enjeux forts, l’Egypte entamerait sa troisième révolution en trois ans. La première, en 2011, a chassé le Président Hosni Moubarak, dont le successeur, le Conseil militaire, a, lui-même, été détrôné, en 2012, par les Frères Musulmans.
La Vox Populi, encouragée par la clameur des classes moyennes, dressées sur le Square Taksim d’Istanbul et à Rio de Janeiro, s’exprime avec une plus grande confiance en sa puissance, pour mettre la tête de Mohamed Morsi sur le billot et se débarrasser de la férule islamiste – particulièrement depuis qu’il est, également, tombé en disgrâce, aux yeux de ses propres rangs, chez les Frères Musulmans.

Pour l’opposition égyptienne, les 16 gouverneurs de province que le Président a approuvé, ce mois-ci, était le comble qui claquait la porte à toute possible réconciliation et dialogue, avec les dirigeants en poste. Morsi a té considéré comme allant trop loin, par sa nomination en tant que gouverneur de Luxor, Adel Khayat, membre d’Al-Gamaa Al-Islamiyya, la branche égyptienne d’al Qaeda.

Le Président fait outrageusement la cour aux Salafistes extrémistes et aux cercles proches d’Al Qaeda, pour obtenir leur aide autour de la défense des dirigeants des Frères Musulmans. Réalisant qu’il était le symbole de la discorde inflammatoire, Khayat a démissionné, dimanche 23 juin, « pour le Salut de l’Egypte ».

Depuis le début de sa présidence, les maîtres frères musulmans de Morsi attendent de celui-ci s’incline et se soumette à leur autorité et accomplisse leurs quatre volontés. Son indépendance continuelle l’a mis en confrontation avec son propre camp islamique, qui devient le cinquième adversaire favorable à son éviction, s’additionnant  - :

1.  Aux groupes laïcs et libéraux pour qui la loi islamique est un anathème.

2.  Aux minorités religieuses, conduits par la plus vaste d’entre elles, les Chrétiens Coptes ;

3.  Aux franges entières de l’armée égyptienne.

4.  Aux parties désespérées de la population, qui voient leur pays se désintégrer vers le chaos et la corruption, sans aucun espoir de sécurité personnelle pour les masses de l’Egypte don’t beaucoup d’entre elles sont confrontées à la famine.

Il n’existe pas d’estimation fiable de la taille ni de la force d’aucun de ces cinq groupes, exceptés les Frères Musulmans, ni concernant leurs chances de se rassembler – soit pour renverser le Président, soit pour l’appuyer contre des opposants tenaces.

Ces évaluations sont d’autant plus compliquées à obtenir, du fait de l’écart grandissant entre l’état des affaires courantes dans les principales villes égyptiennes et les foyers de population dans les zones rurales. La plupart dees compte-rendu se concentrent sur le Caire et Alexandrie, ou, au mieux, les villes du Canal de Suez et Ismailia, ou les zones urbaines du Delta, qui ont complètement viré hors de tout contrôle sécuritaire de la part du gouvernement central. Le reste du pays pourrait bien se trouver de l’autre côté de la lune.

Selon les sources du renseignement de Debkafile, des milices locales armées surgissent, dans les villes de Suez et du Delta et certaines zones rurales. Leurs couleurs politiques et leurs plans d’action sont difficiles à déterminer.  

Deux impondérables supplémentaires obscurcissent encore plus la direction vers laquelle l’Egypte pourrait bien se diriger : la façon dont l’Administration Obama perçoit le niveau de pagaille atteint par la révolution anti-Moubarak qu’elle particulièrement veillé à favoriser et les intentions des alliés salafistes d’al Qaeda dans le Sinaï.

Selon nos sources à Washington, les Etats-Unis se sont écartés du Président Morsi, en signe de désapprobation, tout en restant, dans le même temps, proches des Frères Musulmans. Cette orientation se manifeste par la désignation prochaine d’Anne Woods Patterson, ancienne ambassadrice américaine au Caire, en tant que sous-secrétaire pour le Proche-Orient. Elle a été la personne de confiance d’Obama, pour sa façon de cultiver de bons rapports avec les Frères Musulmans, sur lesquels il compte en tant que main ouverte et fiable, au sommet du pouvoir au Caire.

Washington maintient aussi de bonnes relations avec l’Armée égyptienne, qu’il juge comme étant le système de pouvoir organisé dans le pays, ainsi que comme gardien solide du traite de paix historique entre l’Egypte et Israël.

Le Sinaï hors-la-Loi passe entre les mailles du filet, tissé entre les Américains, les Frères Musulmans et l’Armée. Son influence déstabilisatrice atteint la Bande de Gaza palestinienne et court le long de la frontière israélo-égyptienne jusqu’à l’Est du Sinaï.

L’armée a la volonté de combattre le trafic d’armes à travers le Sinaï, convoyé à destination du Hamas palestinien, dans la bande de Gaza, mais refuse de se mesurer aux cellules salafistes liées à al Qaeda, parmi les tribus bédouines mutines, qui vagabondent librement à travers les friches de la Péninsule.

Pour combler cette lacune, l’Administration Obama a décidé, la semaine dernière, d’assigner 400 nouveaux soldats américains à la force multinationale des observateurs du maintien de la paix, positionnés dans le Sinaï, afin de veiller sur l’accord de paix égypto-israélien, de 1979.


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