vendredi 14 juin 2013

Les rebelles visent l'aéroport de Damas, l'ONU dénonce des "tueries incessantes"


L'aéroport international de Damas a été jeudi la cible d'une rare attaque au mortier par les rebelles, selon les médias officiels, l'ONU dénonçant "les tueries incessantes" en Syrie, prise selon elle dans un conflit de plus en plus "vicieux".

Face aux récentes victoires de l'armée syrienne sur les rebelles, une rencontre est prévue samedi en Turquie entre des représentants des pays alliés de l'opposition et le chef du Conseil militaire suprême de l'armée syrienne libre Sélim Idriss pour discuter d'une "mise en oeuvre concrète" de l'aide à la rébellion.

Celle-ci, faiblement équipée comparé à la puissance de feu des troupes gouvernementales, a marqué toutefois des points jeudi, en attaquant notamment l'aéroport de Damas avec deux obus de mortier, selon le ministre syrien des Transports Mahmoud Saïd.

Il s'agit d'une rare attaque contre l'aéroport depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, qui a fait plus de 93.000 morts selon un nouveau bilan de l'ONU jeudi, un chiffre semblable à celui fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Un obus s'est abattu à la périphérie de l'aéroport près du tarmac, retardant l'atterrissage de deux avions en provenance de Lattaquié (nord-ouest) et du Koweït et le décollage d'un avion pour Bagdad", a dit le ministre en accusant "les terroristes", terme par lequel le régime désigne les rebelles.

"Aucun des passagers n'a été blessé", a-t-il précisé, indiquant que l'autre obus "est tombé près d'un entrepôt, blessant un ouvrier". L'OSDH a rapporté de son côté une attaque à la roquette, sans faire de victimes.

Les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d'une position stratégique de l'armée à mi-chemin entre Damas et Alep (nord), tuant six soldats et s'emparant d'armes et de munitions. "Cette position est importante parce qu'elle se situe sur la principale route d'approvisionnement de l'armée vers Alep", a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les médias pro-régime avaient affirmé dimanche que les troupes gouvernementales se préparaient à l'assaut de cette métropole du nord pour y écraser la rébellion.

Sur un autre front, l'armée et le Hezbollah libanais ont pris d'assaut le village de Husseiniyé, dans la province de Homs (centre), "où ils pourchassent encore les rebelles", selon l'OSDH.

Husseiniyé se situe près de la région de Qousseir, tombée la semaine dernière aux mains de l'armée grâce notamment au Hezbollah, une participation dénoncée par les pays occidentaux et du Golfe et qui exacerbe les tensions confessionnelles en Syrie, pays à majorité sunnite, et au Liban.

Depuis la chute de Qousseir, Washington, Paris, Londres, Ankara, Ryad, multiplient rencontres et contacts pour aider les rebelles. "Il faut qu'on puisse arrêter cette progression, avant Alep", avait souligné mercredi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

Selon une source occidentale, des représentants des pays pro-opposition vont rencontrer samedi à Istanbul le général Idriss, considéré comme un interlocuteur fiable par les Occidentaux. Il a besoin d'"argent, de munitions et d'armes" pour asseoir son leadership et gagner en crédibilité auprès des combattants sur le terrain, selon cette source.

En outre, Washington a annoncé mercredi un allègement ciblé de leurs sanctions commerciales contre la Syrie au profit des zones contrôlées par l'opposition.

Dans un nouveau rapport, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a dénoncé "les tueries incessantes" et fait état de plus de 5.000 décès documentés chaque mois depuis juillet" 2012.

"Il y a aussi eu des cas bien étayés d'enfants torturés et exécutés, mais aussi de familles entières (...) massacrées. Ces cas et le bilan très élevé de morts sont un terrible rappel du tour particulièrement vicieux qu'a pris le conflit", a déploré Mme Pillay.

En plus des poches rebelles en Syrie, les hélicoptères du régime ont bombardé Aarsal, une localité libanaise qui selon les experts sert de relais pour l'acheminent d'armes et de rebelles. Paris et Washington ont dénoncé cette attaque à laquelle l'armée libanaise a assuré vouloir riposter si elle se répétait.

Enfin, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a débuté des discussions avec la Suède pour qu'elle prenne éventuellement la tête d'une force de maintien de la paix renforcée sur le plateau du Golan --région du sud-ouest de la Syrie occupée en grande partie par Israël--, après la décision de l'Autriche de s'en retirer après des combats entre régime et opposition.

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