lundi 27 août 2012

Le mirage de l'islam modéré

Parler des talibans ou d’Al-Qaida, sans parler de l’islam est aussi absurde que de discuter des goulags sans parler du communisme. L’Islam modéré est un mirage, une projection par les Occidentaux désespérés de leurs propres valeurs et leur culture sur une religion et une culture totalement différentes.
Les voyageurs à travers les vastes étendues du désert d’Arabie étaient connus pour se perdre et, dans leur soif et épuisement, pour avoir des  hallucinations d’oasis avec des palmiers et de l’eau qui coule.
Les responsables politiques occidentaux perdus dans les vastes étendues de folie qui définissent le monde musulman sont encore plus accoutumés à avoir des hallucinations de l’oasis d’un islam modéré afin de s’y réfugier. Que vous mourez de l’envie d’un verre ou du moyen de réaffirmer votre réalité, un mirage est parfois la seule façon de pouvoir le trouver.

L’Islam modéré est un mirage, une projection par les Occidentaux désespérés de leurs propres valeurs et leur culture sur une religion et une culture totalement différentes.
C’est un mirage que de nombreux musulmans sont désireux de maintenir en vigueur, de la même manière que les marchands du désert pourraient vendre des gobelets et des bols de sable a des voyageurs de passage assez fous pour confondre l’eau avec de la poussière. Et, comme les voyageurs qui pensent qu’ils boivent de l’eau, alors qu’en fait ils avalent du sable, c’est une tromperie qui finira par tuer le trompé.
Quand l’élite culturelle Occidentale regarde l’Islam, ils voient ce qu’ils doivent voir pour éviter de tomber dans une situation de crise. Comme le voyageur qui préfère s’étouffer de sable, plutôt que de faire face au fait qu’il se soit égaré dans un désert, ils préfèrent garder la plupart des choses telles qu’elles sont, même au prix de la disparition des nations qu’ils dirigent, plutôt que d’affronter l’étendue de la menace qui les entoure. Une menace qu’ils protégeaient et nourrissaient au nom d’objectifs qui semblaient avoir un sens à l’époque.
Il est plus facile d’isoler un « Islam mauvais » composé d’une infime minorité d’extrémistes du « bon Islam » en général des dirigeants du monde musulman et des vagues d’immigrés musulmans qui s’échouent sur les rivages. Cette ségrégation n’a aucune réalité objective, si ce n’est qu’un mécanisme de défense psychologique contre le fait de connaître la réalité complète d’un désastre.
Du Titanic à la Seconde Guerre mondiale, il existe de nombreuses situations semblables dans lesquelles les responsables ont choisi d’ignorer une crise grandissante à un coût terrible.
Les deux paradigmes principaux au travers desquels les élites politiques occidentales voient l’islam, sont  celui de la tyrannie à droite et celui des maux de politique étrangère Occidentale à gauche. Bush a employé le premier lorsqu’il a défini le problème comme étant un de problème de  tyrannie, plutôt que de l’Islam. Ayant défini le problème en termes d’une majorité « de Bons Musulmans » opprimés par « de Mauvais Tyrans », Bush a essayé de libérer  le premier du second, seulement pour découvrir qu’il y avait beaucoup de chevauchement entre les deux. Sous Obama, nous avons vu la gauche implanter sa propre conception de l’Islam, en tant que mouvements de résistance populaire contre l’oppression coloniale, qui réagissent aux maux de la politique étrangère américaine. Cette formule marxiste réflexe est pire encore que l’administration Bush quand ils définissent les terroristes comme des « bons musulmans » et les modérés comme des « Marionnettes Yankee ».
Mais le seul élément ayant une signification véritable pour sortir de l’opposition de ces visions du monde est le fait révélateur que les dirigeants politiques américains des deux côtés de l’échiquier voient encore l’islam en termes de la vieille Guerre froide de lutte entre le Communisme et le Capitalisme. Comme de nombreux généraux qui mènent chaque guerre en fonction de la dernière guerre, les dirigeants politiques de l’Occident voient encore l’islam aux couleurs de la guerre froide, ce qui les empêche de le voir pour ce qu’il est.
Alors que l’Islam partage quelques points communs avec le communisme, ainsi qu’avec le nazisme, il est également une entité tout à fait différente de l’un ou de l’autre. D’une part, il n’est pas occidental dans tous les sens du terme. Il ne repose pas sur une direction centralisée. Il a mis plus de mille ans pour s’infiltrer dans la culture des régions qu’il a conquises. Ce qui a fait de l’islam une identité dans un sens beaucoup plus profond, qu’Adolf ou Vladimir n’aurait jamais pu réussir à faire avec leur propre folie.
L’islam est antérieur aux mouvements politiques comme le communisme et le nazisme qui ont surgi pour combler un vide de la foi dans un Occident se transformant dans des rêves d’utopies raciales et économiques. C’est le péché originel de l’Est, une religion impitoyable basée sur les croyances volées et des biens volés. Son moment de transcendance religieuse n’étant pas celui de la loi ou de l’esprit, mais la vision de rivalités tribales qui s’unissent sous une seule bannière verte. La bannière de l’islam.
L’attrait puissant de l’Islam a été enraciné dans ce rêve d’unité, une idée qui est difficile à comprendre pour les peuples les plus civilisés, car ils prennent l’unité pour acquis. Pourtant, il a fallu à n’importe quel Européen  lutter férocement pour une nation allemande indépendante et unie au 19e siècle, ou pour une Italie indépendante et  unie à la même époque. Un résultat final, pour lequel deux pays dirigés par des régimes nationalistes ont affrontés ensemble l’Angleterre et la France pendant le WW2, pourrait faire remonter ce faux sentiment de destin qui a masqué les insécurités nationales avec le sang.
Mais le nationalisme nécessite des identités nationales qui ont une signification, alors que le monde musulman n’a que des frontières artificielles tracées par les administrations coloniales, des différences dans le jargon arabe et des rivalités familiales exacerbées. En dépit de tous les efforts des autocrates arabes socialistes comme Gamal Abdel Nasser ou de Saddam Hussein, l’unité tant vantée de la nation arabe ne s’est pas concrétisée. Alors que Nasser admirait Hitler et que Hussein admirait Staline  aucun n’a réussi à transformer leurs pays respectifs en quoi que ce soit, même pour le moins fonctionnel comme l’Allemagne nazie ou de la Russie soviétique. Au lieu de cela, Nasser a reçu l’aide soviétique et Saddam Hussein l’argent du pétrole.
Un coup d’œil sur une carte, et vous verrez que le monde musulman est défini en termes de frontières et de politiciens, mais, comme les troupes alliées le long de la frontière afghano-Pak ont découvert, les vrais musulmans sur le terrain se définissent en termes de tribu et de famille, et non pas de nation. Le monde musulman est un méli-mélo de groupes ethniques dépossédés entassés dans des États-nations artificiels créés par le Royaume-Uni et l’ONU. Des États-nations qui ont un vote à l’ONU, une ambassade dans la Baie de la Tortue (Turtle Bay) et peu de réalité tangible.
Si cela vous semble tiré par les cheveux, considérer qu’il y a un véritable débat parmi les experts en politique étrangère pour savoir qui dirige vraiment le Pakistan. De nombreux observateurs européens en Turquie mènent aussi un débat similaire. Une grande partie du monde musulman est gérée par des familles, comme les dirigeants de l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Certaines sont gérées par des dictateurs qui ont participé à des coups d’Etat militaires et détiennent le pouvoir grâce à l’armée et la police secrète. Ce sont d’ailleurs les seules formes de gouvernement stable dans le monde musulman.
Sans un dictateur ou sans une famille régnante puissante, ou une de leurs cliques, la guerre civile s’ensuit. Le Yémen a été déchiré par des guerres civiles tribales depuis longtemps maintenant, la dernière phase de la guerre est menée avec la participation d’Al-Qaida. Anwar Al-Awlaki, l’Imam infâme, n’a pas rejoint Al-Qaida par simple colère ou idéologie, il l’a fait parce que sa famille Awlaki est alliée avec le pouvoir  yéménite local d’Al Qaïda. Pensez-y un instant, et vous commencerez à comprendre le labyrinthe byzantin de la loyauté et des alliances dans le vaste désert du monde musulman.

Des empires et des royaumes ont combiné l’Église et l’État, pour s’assurer qu’il n’y aurait aucune contradiction entre la religion et les autorités, que la volonté du roi serait aussi la volonté de Dieu. Mohammed a tenté de faire de même dans les voisinages multiculturels de la Mecque, en éliminant toutes les religions, mais celle qu’il avait nouvellement créée avait pour but de fusionner ensemble les familles en guerre et les tribus. Cet acte a été et est la base essentielle de l’islam. Tout le reste est la fascination empruntée à des autres religions qu’il avait assujetties et avait détruites pour céder la place à l’Islam.
Pour les musulmans, cette boucherie sanglante initiale est le seul vrai acte ayant une signification religieuse qui compte. Parce que pendant un bref moment de gloire, les querelles intestines ont été brutalement réprimées, et des milliers de membres perfides de la tribu du désert ont imaginés être exagérément plus importants. Bien sûr, cette fausse unité s’est effondrée dans les familles et les tribus en conflit. Ce qui a rendu ce rêve d’autant plus inaccessible. C’est pourquoi le Jihad est l’ultime acte religieux pour un musulman, et c’est pourquoi le califat est le grand but religieux.
Une fois compris tout cela, toute discussion portant sur un islam modéré n’est rien d’autre qu’une farce. Pour les musulmans, l’islam est ce que le Reich de mille ans était aux nazis et ce qu’un Monde Uni est aux socialistes. Une forme parfaite de l’unité globale qui doit être atteinte à tout prix.
Un musulman modéré pourrait poursuivre un tel objectif « pacifiquement » à travers la Dawa ou le travail missionnaire, mais les conversions musulmanes de masse qui ont réussi ont eu lieu soit directement, soit indirectement par l’épée. Même les succès missionnaires musulmans en Occident ont lieu dans le contexte du terrorisme musulman. Il n’y a pas d’islam sans l’épée, car l’islam n’a aucun sens, ni aucune identité sans la violence. Un islam non-violent n’est rien sinon une collection de mœurs tribales et un emprunt d’idées religieuses. En régressant rapidement devant le profane et le culturel, il a entrainé les islamistes à relancer ses valeurs fondamentales par des actes de violence et de  terreur.
C’est ce que les dirigeants politiques et culturels occidentaux ne comprennent pas. La droite a raison que l’islam, comme le communisme, peut être affaibli par le capitalisme, mais il ne peut pas être détruit de cette façon. Parce que l’Islam n’est pas incompatible avec le monde des affaires; son origine est parmi les marchands, après tout. Les fruits du capitalisme peut aider à séculariser l’islam, mais non en habilitant le même type de commerçants qui ont aidé à le créer. C’est pourquoi le capitalisme américain a aidé à créer la menace terroriste en enrichissant les nouveaux dirigeants de la Mecque, la Maison de Saud, qui a élargi son propre pouvoir en finançant une nouvelle invasion Islamique contre ses meilleurs clients en Occident. Et ainsi l’histoire se répète à nouveau.
Les islamistes ont montré qu’ils peuvent tout à fait exploiter efficacement le capitalisme et la démocratie pour atteindre leurs objectifs. Le capitalisme a fait tomber l’Union soviétique, mais il n’a pas pu donner une identité significative aux Russes. Au lieu de cela, il a financé la montée d’un nouveau régime totalitaire russe avec des patrons du KGB et des oligarques qui se sont enrichis sur les bénéfices des entreprises de l’Occident. Même la Chine communiste a montré qu’elle peut intégrer le capitalisme et devenir de plus en plus une menace en le faisant.
L’erreur fondamentale qu’ont faite les dirigeants politiques conservateurs américains était de supposer que le capitalisme et la démocratie sont des formes absolues du bien, en réalité, ils sont simplement des outils et des prismes que différentes cultures utilisent pour exprimer leur potentiel de différentes manières. L’administration Bush a montré les limites à l’application rhétorique de la guerre froide aux réalités islamiques. Ou en traitant 1,5 milliard de musulmans comme l’équivalent démographique de 1500 bombes nucléaires, sans jamais admettre l’opinion derrière la diplomatie.
La gauche, cependant, est encore pire quand elle retombe sur sa vieille habitude de traiter tous les ennemis comme des mouvements de résistance contre le capitalisme, le globalisme et tous les ismes qu’ils associent avec la Première Nation du monde.
Si la droite est toujours l’écho de Ronald Reagan, la gauche est toujours accrochée à la guerre américano-philippine du 19ème siècle. Et tandis que la droite a montré qu’elle peut apprendre, la gauche a seulement montré qu’elle peut crier la même chose autodestructrice encore plus fort. L’administration Obama est un exercice national de la haine de soi. Un rituel de purge pour les péchés du succès occidental similaire au vomissement d’un anorexique après chaque repas.
Si la droite a quelques idées pour faire face à l’islam, la gauche a décidé que l’islam est correct. Il n’y a aucune logique derrière tout cela, juste celle de « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », avec des doses malsaines d’orientalisme et de fétichisation du Bon Sauvage.
La politique étrangère américaine déclenche la colère des musulmans, tout comme les dessins animés en Europe, les constructions juives en Israël, les statues bouddhistes en Afghanistan, les touristes britanniques féminines à Dubaï, un ours en peluche nommé Mohammed au Soudan, et d’innombrables autres « irritations ». Mais aucune de ces raisons n’est la véritable cause. La principale cause de cette indignation islamique est que ces démonstrations de colère permettre aux musulmans d’éprouver un sentiment de puissance. La colère donne du pouvoir aux petits hommes, ou de battre leurs femmes ou de se faire exploser dans les cafés. Les excuses : « C’est sa faute », « Elle ne devait pas passer devant la TV » ou « Elle aurait dû avoir préparé le dîner », ne sont que cela. Des raisons. La cause réelle est le sentiment de pouvoir qui vient avec la colère. Le sentiment d’être subitement plus grand que nature. Cette colère est sa propre cause et sa propre récompense. Et c’est ce que l’Islam accorde à la communauté musulmane. Le Jihad. Le califat. La colère au nom d’Allah.
En Amérique, les dirigeants démocrates et républicains divèrgent principalement sur la  notion d’infime à savoir de combien « l’infime minorité d’extrémistes » est vraiment, et qu’on doit blâmer pour son extrémisme. La réalité comme quoi leur vue entière de l’islam est basée sur un mirage n’est pas quelque chose qu’ils sont prêts à accepter. Mais parler des talibans ou d’Al-Qaida, sans parler de l’islam est aussi absurde que de discuter des goulags sans parler du communisme. Cela signifie que non seulement le problème ne sera jamais résolu, mais il ne peut jamais être abordé. Parce que nous n’avons jamais exposé la cause.

Au lieu de cela, nous essayons de lutter contre le terrorisme islamique en cultivant des alliances avec les factions opposées en permanence aux gouvernements, les milices, les seigneurs de guerre et les aines tribaux, dans l’espoir de les utiliser -uniquement en guise de pions dans leurs propres jeux .C’est ce qui s’est passé en Afghanistan et en Irak. C’est arrivé chez les arabes palestiniens et le gouvernement yéménite, au Pakistan et en Arabie Saoudite, et partout ailleurs où nous essayons d’appliquer la politique occidentale.
Le monde musulman a la technologie, mais n’a aucune civilisation. Les nations occidentales ont donné à l’Orient islamique, l’apparence d’une nation et les fruits de l’industrie, sans jamais reconnaître qu’elles lançaient des perles devant les pourceaux. Un cochon portant un collier de perles est toujours un membre de la famille porcine. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’il est un cochon bien habillé. Nous avons habillé le monde musulman, mais en dessous il n’est pas si différent de celui des tribus guerrières que Mahomet a essayé de souder ensemble avec l’islam. Et c’est pour cela que l’Islam conserve le pouvoir qui l’a fait. L’Islam n’a pas de séparation entre la mosquée et l’État, car il n’y a en vérité pas d’état, seulement la mosquée. C’est le grand rêve du millénaire d’une  unité musulmane globale transcendante. C’est le grand bond en avant à travers l’abîme de la sauvagerie tribale et vers le califat, qui permettra d’annuler toutes les réalisations de tous les autres peuples, et de démontrer une fois pour toute que le musulman est l’autorité suprême sur tout le reste du monde. 
Source : Traduction française : Galila pour Israël-chronique-en-ligne, par Daniel Greenfield à the Sultan Knish blog.

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