La
2ème Cie du 2ème REP prête à
embarquer
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egardez une carte
de l’Afrique tropicale au nord de l’équateur : le gradient climatique est
orienté dans le sens nord/sud. L'on passe ainsi progressivement du désert au
Sahel, puis à la savane sèche à une saison des pluies, puis à la savane humide à
pluviosité bimodale et ensuite à la forêt
subéquatoriale.
En conséquence, les zones
climatiques homogènes sont orientées dans le sens est/ouest, en bandes
superposées. Cette même stratification commande le peuplement humain, d’un bout
à l’autre de la masse continentale. À mesure que l’on descend du désert vers
l’équateur, les races blanches (ou à peu près) arabo-berbères cèdent la place
aux races dites nilotiques (Peulhs, Toubous, Ethiopiens), puis aux
Soudano-Guinéens, puis aux Bantous. L'islam au nord cède la place à
l'animisme et au christianisme dans les régions plus humides. Les empires
africains traditionnels, comme les ethnies sur lesquelles ils se fondaient,
étaient orientées dans le sens est/ouest, ce qui n’empêchait pas les incursions
des esclavagistes venus du nord.¢
Par contre, vous observerez –
surtout en bordure du Golfe de Guinée à l’ouest du continent – que les états
modernes sont disposés dans le sens nord/sud, avec l'exception relative du bloc
Guinée/Libéria/ Sierra Leone où le gradient climatique est perturbé par le
relief montagneux.
Les puissances coloniales
européennes signataires du traité de Berlin s’étaient ainsi ménagé, à partir des
zones côtières où elles étaient implantées, des voies d’accès vers un
arrière-pays mal connu mais que l’on croyait riche, d’où la forme de couloirs
souvent donnée à ces territoires hétérogènes.
Les états modernes issus des
indépendances ont maintenu ce découpage. Ils sont donc peuplés d'ethnies
différentes, généralement antagonistes, que seule la présence coloniale pouvait
fédérer en ensembles cohérents tels l’AOF et l’AEF. Les tensions politiques
actuelles résultent de cette situation géopolitique devenue absurde. Qui se
souvient encore du double pogrom de 1989 qui fit des milliers de victimes parmi
les Mauritaniens blancs du Sénégal, au sud du fleuve, et les Noirs de Mauritanie
au nord ?
L’instabilité règne, du Sénégal à
l’ouest au Soudan à l'est, en passant par la Côte d'Ivoire, le Niger, la
Nigeria, le Tchad et actuellement le Mali. Les troubles se localisent toujours
sur les lignes de clivage climatique, ethnique et culturel, entre Blancs et
Noirs, entre éleveurs et agriculteurs, entre peuples de la savane et peuples
forestiers, entre islamisés et christianisés ou
animistes.
Il est symptomatique de constater
que la Mauritanie, à population très majoritairement arabo-berbère, exposée
pourtant au péril islamiste, ne s’est pas jointe à la coalition franco-africaine
en guerre dans l’Azawad qui borde son territoire. Par ailleurs, plusieurs
centaines de soldats « maliens » formés par les USA ont rallié les rebelles
nordistes en 2012 (1) : La solidarité ethnique, de toute évidence, dicte
ces comportements.
Il n’y aura pas de stabilité dans
cette région de l’Afrique sans un redécoupage politique respectueux des
frontières naturelles (2). Le nord du Mali (Azawad) à majorité
arabo-berbère n’acceptera jamais la domination du sud à population négroïde, qui
fut son terrain de razzia et son réservoir d’esclaves.
Les Touareg, qui nomadisaient sur
une partie de l’Azawad et également au Niger, en Algérie, en Libye et au
Burkina Faso, avaient adressé une requête au général De Gaulle en 1960 lui
demandant de reconnaître leur identité et de leur accorder un territoire : «
Puisque vous quittez le pays, rendez-nous notre bien tel que vous nous l’avez
arraché (…) nous ne voulons pas que les Noirs ni les Arabes nous dirigent (…)
nous, les Touareg, nous voulons nous diriger nous-mêmes »
(3).
Ils ne reçurent aucune réponse et
furent livrés à leurs nouveaux maîtres sans aucune consultation
populaire.
N’acceptant ni l’autorité d’Alger (le FLN n’a eu aucun impact au Sahara pendant
la guerre d’Algérie) ni celle des États noirs nouvellement créés au sud, Les
Touareg n’ont jamais reconnu les frontières qui morcellent leur territoire. Ils
ont été obligés, par milliers, de renoncer à leur mode de vie nomade, pour
vivoter misérablement dans les zones urbaines.
Il en va de même pour les nomades
arabes du nord-est. Dans ces conditions, l’autorité de « Bamako » ne trouve une
certaine légitimité que dans le sud sub-sahélien de l’Azawad, peuplé de
sédentaires noirs et de semi-nomades peulhs ou songhaïs.
E Que dirons-nous, demain, aux Touareg
qui combattent aux cotés de nos troupes dans l’opération Serval, mais qui
n’accepteront jamais la présence de l’armée malienne chez eux
?
E Seront-ils les victimes d’une
nouvelle trahison, s’il advenait que le Mali retrouve ses frontières et
prétende exercer, dans le nord, une souveraineté imposée par nos armes
?
La même analyse s’applique, avec des
modalités locales diverses mais une grande constance sur le fond, dans tous les
pays de la région où des forces extérieures et notamment françaises ont eu à
intervenir récemment, avec des résultats précaires.
L’islamisme ne fait qu’exploiter les
incohérences d’une décolonisation bâclée, qui perdurent encore aujourd’hui et
que nos gouvernants nient obstinément.¢
Contact E-Mail : Rjp.schilling@wanadoo.fr
(1) Valeurs
actuelles, Claude Porsella, 21/03/13
(2) Voir à ce sujet
les excellentes analyses de Bernard Lugan sur son blog « L’Afrique réelle ».
http://bernardlugan.blogspot.fr/
(3) Cité par Alain
Sanders dans Présent du 28 février 2013
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