lundi 3 juin 2013

SÉRIEUX COMME UN PAPE

SÉRIEUX COMME UN PAPE

Pape religionJe connais un “frère trois-points” qui, en maçon dévoué, voudrait reconstruire le monde selon la seule vue étroite qu’il a de celui-ci. L’ennui est qu’il s’agit d’un individu demeuré… dans un état par trop matériel, dont l’esprit est loin d’être sain: il instrumentalise donc les outils qui président à son atelier.
S’imaginant avoir le compas dans l’œil, confondant l’équerre avec le couteau de l’équarrisseur, se prenant pour un Pic de la Mirandole, son point de vue, sans aucune perspectives, confine à l’aveuglement absolu : je l’ai donc surnommé ironiquement “Frère trois-points… sait-tout” !
Ayant opté pour l’athéisme et le “progressisme”, ne pouvant par conséquent ni être légat du souverain pontife – ni même “légat de la Marine” qui, selon lui, mène ses électeurs en bâteau - il déverse sa rancœur contre tout ce qui est catholique ou même croyant. Jugeant la religion d’un regard inquisiteur (Il prétend avoir bûché le sujet !), il fustige d’un doigt vengeur “le préservatif mis à l’index”, accuse ceux qui s’opposent à l’avortement de “faire un enfant dans le dos des classes défavorisées”, se précipite à la curée du célibat des prêtres, lessive en moins de deux la moindre critique des homos. Enfermé dans sa bulle anti-cléricale, il se rêve le nouveau pape de la laïcité.
Moi, je lui dis : “Minute, papillon !” Car si le Pacte Républicain de nos voisins d’outre-Quiévrain – qui, depuis Schengen, a pénétré trop aisément dans notre royaume – place la croyance dans la “vie privée”, tout en lui interdisant l’accès de la sphère publique, la “Liberté de culte et de pensée” n’est pas encore passée sous le couperet de la guillotine chez nous. En effet, qu’espère-t-il ?
Exige-t-il que le Saint-Père parle contre ses convictions, indique à ses fidèles des chemins qu’il juge mener à l’abîme spirituel ? Ce serait comme de demander à Di Rupo d’affirmer que Mital est un bienfaiteur de l’humanité ou à Pierre Galand – président du Centre d’Action Laïque – de soutenir que les attentats islamistes mènent tout droit au “Paradis d’Allah” où 72 vierges attendent les kamikazes (Quoique, dans ce dernier exemple, la présence de drapeaux du mouvement islamiste H’ezbollah dans des manifestations de l’Association Belgo-Palestinienne – qu’il dirige aussi – ne semble pas le déranger !)
D’ailleurs, les propos du successeur de Pierre ne sont – si j’ose dire ! - “parole d’Evangile” que pour ceux qui professent son infaillibilité ex cathedra et rien n’empêche aujourd’hui ceux qui ne sont pas d’accord de s’en aller en “Protestants”, comme l’ont fait jadis Luther, Calvin et bien d’autres. A notre époque, les gens sont bien informés et peuvent peser, en leur âme et conscience, les risques auxquels ils s’exposent éventuellement en suivant le chemin qui, passant par la Ville éternelle, pourrait les mener – Croient-ils ! – à une Vie plus éternelle encore.
Mais le franc-mac en fait tout un fromage ! Craignant sans doute que la rumeur l’accuse d’être “maqué(e)” avec l’Eglise, il affirme être prêt à rendre son tablier si la majorité de ses compagnons fait bon ménage avec le goupillon. Il avance alors comme argument que “les Africains et les Latino-Américains ne saisissent pas tous les dangers inhérents au respect des directives vaticanes”, soulignant involontairement le vrai problème.
Car moi – qui ne suis ni catho, ni chrétien, ni même “de gauche” ou “progressiste” – j’ai foi en l’être humain, j’estime que tous les hommes ont reçu en partage l’intelligence et le discernement… même les non-occidentaux ! Quand j’estime que quelqu’un envisage de prendre une décision dangereuse, je lui expose mes arguments, écoute les siens, les contre encore si je le peux… et lui laisse alors sa liberté de choix vu que je ne me considère pas comme dépositaire de la “seule Vérité”.
C’est bien cela qui cloche avec les “humanistes de salon” : imbus d’eux-même, se croyant seuls détenteurs de la “sapience scientifique absolue”, faisant du prosélytisme outrancier pour leur néo-religion, ils en viennent à considérer tout qui n’épouse pas leurs thèses comme “arrièré”. Appliquée à leurs concitoyens, cette forme de pensée s’appelle du sectarisme, voire du fascisme; étendue à l’étranger, cela se nomme du – Oh ! Le vilain mot qu’ils emploient, pour leur part, à tort et à travers – racisme !
C’est pourquoi, la prochaine fois qu’un de ces beaux parleurs viendra me faire la leçon en me disant, la bouche en cœur, “Tous les hommes sont frères !”, sérieux comme un pape je lui rétorquerai: “Et ta sœur… ?”
Pol Hémickh

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