vendredi 30 septembre 2011

Libye: doutes autour de la capture du porte-parole de Mouammar Kadhafi


Des chefs des troupes du CNT combattant près de Syrte ont affirmé avoir capturé Moussa Ibrahim, ancien porte-parole du colonel Mouammar Kadhafi, alors qu'il fuyait la ville assiégée, mais des doutes pèsent sur cette arrestation.
Deux commandants dépendant du Conseil national de transition (CNT) ont indiqué jeudi soir avoir reçu des informations émanant de combattants sur le terrain selon lesquelles Moussa Ibrahim aurait été capturé aux abords de Syrte, chef-lieu de la région d'origine de Mouammar Kadhafi, située à 360 km à l'est de Tripoli.
Mais vendredi matin, le site internet de la télévision Allibiya (chaîne pro-Kadhafi qui a cessé d'émettre le mois dernier) a démenti cette information la qualifiant de "rumeur mensongère destinée à détourner l'attention" de l'échec des combattants anti-Kadhafi à Syrte.
A Misrata, un porte-parole du Conseil militaire du CNT, Adel Ibrahim, a fait part de son scepticisme: "si les combattants de Misrata l'avaient capturé, ils nous l'auraient dit", a-t-il indiqué à l'AFP.
La veille, Moustapha ben Dardef, commandant d'une brigade du CNT, avait annoncé: "Les combattants de Misrata nous ont contactés pour nous annoncer que Moussa Ibrahim avait été capturé".
Un autre commandant, Mohammed al-Marimi, a confirmé: "Moussa Ibrahim a été capturé par les révolutionnaires de Misrata alors qu'il roulait à bord d'une voiture hors de Syrte".
Moussa Ibrahim est en fuite depuis la chute de Tripoli avec la prise par les pro-CNT du QG de Mouammar Kadhafi à Bab al-Aziziya.
Il s'est exprimé à plusieurs reprises sur la chaîne satellitaire Arraï, basée en Syrie, devenue également l'un des canaux de communication de Mouammar Kadhafi, en fuite.
La semaine dernière, cité par Arraï, il avait encore appelé à la "résistance" faisant état de "victoires qualitatives" notamment à Bani Walid, un des fiefs pro-Kadhafi avec Syrte que les pro-CNT peinent à faire tomber, et Sebha, un autre bastion désormais aux mains des anti-Kadhafi.
Parallèlement à sa lutte pour faire tomber Syrte et Bani Walid, le CNT déploie des efforts pour mettre la main sur les membres du cercle rapproché de l'ex-leader.
Mais jeudi, le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, a réaffirmé que son pays n'extraderait pas Saadi Kadhafi, un des fils de l'ex-dirigeant, quelques heures après l'émission par Interpol d'une "notice rouge" à la demande du CNT.
"Saadi Kadhafi est en sécurité à Niamey, dans les mains de l'Etat du Niger" depuis le 11 septembre et il n'est "pas question" de l'extrader "pour l'instant", a-t-il dit.
Interpol a indiqué avoir demandé à ses 188 pays membres d'arrêter Saadi Kadhafi accusé par le CNT de "s'être emparé de biens par la force et d'intimidation quand il dirigeait la fédération de football". Il est aussi accusé d'implication dans la répression de la révolte et est à ce titre "soumis à une interdiction de voyage et un gel de ses biens ordonnés par l'ONU".
Le Niger a confirmé que 32 proches de Mouammar Kadhafi se trouvaient sur son sol. L'Algérie a annoncé le 29 août avoir accueilli sur son sol trois de ses enfants, sa fille Aïcha qui a accouché d'une petite fille, ses fils Mohamed et Hannibal, et sa seconde épouse Safia.
Deux de ses fils, Seif al-Islam et Mouatassim, sont soupçonnés par des responsables du CNT d'être réfugiés respectivement à Bani Walid et à Syrte.
Sur le terrain, les combattants pro-CNT ont dû battre en retraite à Syrte de quelques km après de féroces combats mercredi soir.
Ils contrôlent le port et l'aéroport, mais selon un journaliste de l'AFP, d'intenses tirs d'artillerie de mitrailleurs lourdes étaient entendus jeudi autour du port dans le nord-est de la ville et de l'hôtel Mahari, dans le même secteur.
"Cela ne va pas être facile de prendre Syrte. On pensait qu'on le ferait vendredi, maintenant je n'y crois plus. Mouatassim (Kadhafi) est à l'intérieur et dirige ses hommes. Ils ont des armes lourdes et des tireurs embusqués, qui nous compliquent la tâche", a déclaré à l'AFP un commandant sur le terrain.
A Bani Walid, les pro-CNT, bloqués face à une résistance farouche, n'ont pas avancé depuis quelques jours et en attendant un éventuel ordre pour attaquer ils subissent désormais une formation au combat.
Stationnés depuis près de trois semaines aux abords de l'oasis au relief accidenté, ils se plaignaient du manque d'encadrement alors que, selon des sources médicales, 40 de leurs camarades ont été tués.
Les nouvelles autorités veulent attendre de contrôler Syrte où les combats font rage, avant d'attaquer Bani Walid.
A Tripoli Mahmoud Jibril, numéro deux du CNT, a annoncé jeudi qu'il ne ferait pas partie du prochain gouvernement, lors d'une conférence de presse.

AFP

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