mercredi 28 septembre 2011

L’Iran face à la Turquie- la bataille pour l’hégémonie régionale


*Le concept « Printemps arabe » ne figure pas dans le lexique iranien. Les ayatollahs préfèrent adopter le terme « Réveil islamique » reflétant ainsi la politique iranienne, ses activités, et ses aspirations.

*Des hauts responsables iraniens affirment clairement que les premières lignes de défense de leur pays sont situées à partir du Liban et la Palestine. Selon leur doctrine, les menaces dirigées contre Israël, au nord comme au sud ont pour but de retarder une attaque éventuelle des "sionistes" contre l’Iran.

*La lutte contre Israël constitue un instrument pour pouvoir recruter et alimenter la rue arabe contre " l’arrogance occidentale qui a implanté profondément l’entité sioniste dans le cœur du monde musulman" et ainsi  pouvoir exporter la révolution islamique et rétablir un nouvel ordre mondial.

* L'Iran rencontre de grandes difficultés pour achever ses aspirations politiques car elle représente le « démon chiite » dans un environnement à majorité sunnites. Téhéran devrait également payer un lourd tribut pour le soutien inconditionnel au régime de Bechar al Assad.

*La Turquie et l’Iran sont en compétition pour diriger les changements intervenus dans le monde musulman. Initialement, l’Iran a réagi avec retenue, mais elle accuse la Turquie de parrainer « l’islam libéral » et de coopérer avec l’occident. Dans tous les cas, ces deux pays ne cachent pas leur hostilité à l'égard d'Israël. 

Les bouleversements dans les capitales arabes présentent pour l'Iran  une opportunité pour modifier le paysage de la région. Néanmoins, certaines révoltes et principalement en Syrie posent un risque stratégique et ont provoqué des tensions dans les relations avec la Turquie.

Depuis la prise du pouvoir en 1979, les Iraniens commémorent "la journée "El Qouds" pour saluer le soutien inébranlable et l’engagement à la cause palestinienne dont le but est de « libérer Jérusalem » et chasser les sionistes de la Palestine. La chute des dirigeants arabes modérés et « occidentalisés » en particulier le départ de Moubarak ont écarté  l'obstacle majeur en vue de chasser les « puissances arrogantes ». Les Iraniens définissent ce changement par « l'intervention divine ».

Depuis l'avènement de Khomeiny, les Iraniens soulignent la vertu de la foi dans la doctrine du chef spirituel. Ils expliquent en effet que la majorité des ennemis de l’Iran disparaissent: l’Union soviétique s’est effondrée, Saddam Hussein a été vaincu, la menace irakienne a disparu, Al -Qaïda est affaiblie, le régime des talibans en Afghanistan s’écroule. Au Liban, le Hezbollah est souverain; en 2006, il a réussi à faire face à Israël 33 jours durant comme le Hamas qui a réussi à tenir tête aux sionistes durant la guerre de Gaza en 2009. Tous les programmes iraniens dont le projet nucléaire progressent malgré les pressions de la communauté  internationale.  

Après l'assaut contre l’ambassade d’Israël au Caire, les dirigeants iraniens et leurs médias ont annoncé "la fin de la présence israélienne en Egypte".

Dans ce contexte, Téhéran souhaite inspirer les masses arabes en leur offrant sous son patronage  une alternance islamique au grand dam de « l’hégémonie occidentale ».

Selon Ahmadinejad : "l’Occident et le régime sioniste n’ont pas de place dans le nouveau paysage du Moyen-Orient."

Ahmadinejad affirme  que le régime sioniste est fondé sur le mensonge dont celui de l’holocauste. Pour lui, les sionistes n’agissent pas seulement contre les Palestiniens et les pays de la région, mais aussi servent comme instrument occidental pour pouvoir exercer le contrôle de toute la planète, en Afrique, en Amérique latine, et en Asie.

Le Président iranien a également averti que la reconnaissance officielle par l'ONU de l’Etat palestinien n’est pas un objectif final et n'est qu’un premier pas vers la libération de toute la Palestine…

C'est clair, le testament de Khomeiny continue donc à guider la seconde génération de la révolution islamique.

En dépit de la préoccupation des nouveaux dirigeants arabes à leurs propres problèmes internes, l’Iran poursuit ses activités tous azimuts et possède actuellement une large plateforme idéologique pour réaliser la vision de Khomeiny. Elle propage ses messages dans les médias et à travers ses chaines de télévision qui diffusent des émissions dans plusieurs langues.

Cependant, l’Iran se heurte à la Turquie son ancien rival. Les Turcs sont entrés dans l’arène du Moyen-Orient dans un esprit néo-ottoman et en comblant le vide que l’Iran cherche à remplir. La Turquie a eu un bon nombre de succès dans cette compétition. L'affaire de la flottille à Gaza et ses répercussions internationales, l’expulsion de l’ambassadeur israélien,  la visite d'Erdogan en Egypte ainsi que ses menaces quotidiennes contre Israël ont certes marqué des points. Toutefois, l’Iran a accusé la Turquie de parrainer « l’Islam libéral » et de coopérer avec l’Occident mais leur seul point commun demeure l'hostilité à l'égard d'Israël.

Désormais, le Moyen-Orient s'est transformé en une arène d'affrontements entre l’Occident, l’Islam iranien révolutionnaire, et le modèle islamique turc.          

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