Dans une nouvelle manœuvre destinée à créer du grabuge entre Washington et Jérusalem, le journal turc Hurriyet véhicule une nouvelle rumeur faite maison : il accuse des sources républicaines américaines d’avoir organisé les fuites d’un rapport qui affirme la légalité du blocus de Gaza par Israël –et, du coup, son interception d’un navire turc et de la flottille qui l’accompagnait, en mai 2010. Le rapport, dont des fuites seront publiées par le New York Times, vendredi 9 septembre, critique également les commandos israéliens pour leur emploi « excessif » de la force, lorsqu’ils se sont défendus, au cours de l’affrontement qui a conduit à la mort de neuf « militants pour la paix », à bord du navire…Je pense que dans ce rapport particulier et à cette époque particulière il fallait ménager la chèvre et le chou.
… Ce rapport était commandité par le Secrétaire Général de l’ONU, à un panel orchestré par l’ancien Premier Ministre néo-zélandais, Sir Jeffrey Palmer.
Hurriyet accuse les mêmes amis du Premier Ministre Binyamin Netanyahou, qui avaient déjà organisé son discours, en mai dernier devant les deux chambres du Congrès, d’être à l’origine des fuites du rapport Palmer dans le NYT.
Les sources de Debkafile révèlent que : ces allégations pleines de rancune du journal turc sont sciemment exagérées, en espérant excéder le Président Barack Obama et la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, qui ont tenté d’assouplir les divergences entre Ankara et Jérusalem. L’article sert à justifier la fureur du Premier Ministre Tayyip Erdogan et de son Ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, d’avoir été pris en défaut par le panel de l’ONU (qui les accuse de ne pas en avoir fait suffisamment pour empêcher la violence et la mission « imprudente » de la flottille). Vendredi, Ankara a expulsé l’ambassadeur d’Israël, suspendu les contrats de défense avec Jérusalem, annoncé des actions judiciaires contre des personnalités israéliennes de premier plan, devant les tribunaux européens, menacé de porter le débat devant une Cour Internationale et de « prendre des mesures visant à libérer ses mouvements maritimes en Méditerranée ».
Israël a continué de balayer d’un revers de la main l’ultimatum turc lui intimant de présenter ses excuses pour les neuf tués et de mettre un terme au blocus. Hurriyet cite un responsable israélien resté anonyme, répliquant : « Ils peuvent aller au diable ! Ils vont comprendre ce que signifie respecter la loi maritime internationale, lorsque… notre marine navigue dans les eaux internationales, en Méditerranée ! ».
Des sources américaines ont confié à Debkafile que le déversement de désinformation vindicative, de la part du Gouvernement Erdogan, visant à porter préjudice aux relations entre l’Administration Obama et le gouvernement israélien, sont sans aucune valeur. Interférer dans la politique intérieure américaine, dans le but de détourner ses propres crises internationales, reste un jeu dangereux.
La marine turque, ajoutent-elles, ne pèse pas lourd face à la technologie missilière des navires israéliens et leurs systèmes de brouillage et de traçage électroniques. Pas plus, les Turcs ne disposent-ils de sous-marins avancés, tels que les Dolphin d’Israël, fabriqués en Allemagne, ni d’un maillage serré, en matière de couverture aérienne.
Les sources américaines qui suivent attentivement cette controverse, ont également démenti, comme parfaitement creuse, la menace brandie par Davutoglu, samedi 3 septembre : « Si Israël persiste dans sa position actuelle », avait-il mis en garde, « le Printemps arabe donnera naissance à une puissante opposition à Israël, aussi violente et dure que la lutte contre les régimes autoritaires ».
Les sources de Washington ont condamné de telles déclarations comme dépassant toutes les bornes acceptables de la diplomatie. « Cela sonne comme si Ankara menaçait d’entraîner les populations palestiniennes et arabes israéliennes contre le gouvernement et l’armée israélienne. Si c’est bien ce que Davutoglu veut dire, la Turquie navigue trop près, sous de mauvais vents et elle risque de provoquer la suspension, par le Président Obama et les gouvernements européens, de leur participation dans les opérations de l’OTAN au Moyen-Orient.
Si Israël portait plainte au Conseil de Sécurité de l’ONU contre la Turquie, pour menace de guerre et incitation à la révolte, proférées par l’un de ses membres contre un autre, les puissances occidentales voteraient en faveur d’un résolution de condamnation de la Turquie.
Les sources de Debkafile à Washington et diverses capitales européennes avertissent que la vendetta totalement débridée qu’Erdogan et son Ministre des affaires internationales répandent contre Israël se retournera en boomerang contre eux. Très tôt, dimanche matin 4 septembre, un responsable américain a proposé de « les prendre à leur propre coup de bluff ». Il a dévoilé que la Turquie devrait juste essayer d’agir en allant jusqu’au bout de ce qu’elle dit, en tentant seulement de désorienter la diplomatie et l’économie du Moyen-Orient, à travers différents leviers de commande dans les soulèvements arabes, de façon à ce qu’ils retournent leur fureur contre Israël. Cependant, la Turquie, elle-même, est très loin d’avoir une assise suffisamment solide au sol [pour tenir le choc]. Au contraire, révèle t-il, sur le plan économique, la Turquie n’est rien d’autre qu’un tigre de papier, qui masque comme elle peut une crise galopante, grâce à la rhétorique anti-israélienne qui lui sert de cache-sexe :
1. La publication impressionnante, à Ankara, d’une croissance du PIB de 11%, est gonflée artificiellement par le crédit incontrôlable, pompé par sa Banque centrale, pour créer une bulle de court terme. En fait, la Turquie est en train de glisser à vitesse grand V vers un profond marasme économique. Son bilan actuel du déficit a rejoint un niveau de crise presque identique à celui de la Grèce et du Portugal et sa monnaie est confrontée à la dévaluation.
Le mois dernier, les chefs de l’armée turque, gardiens traditionnels de la constitution laïque du pays, ont démissionné en masse pour protester contre l’emprisonnement de nombreux officiers de haut-rang, du fait d’allégations de complot contre le gouvernement.
Par conséquent, Erdogan se trouve enfermé entre deux crises jumelles : celle d’une économie en chute libre et d’une crevasse en train de se creuser au sein même de son administration. La communauté du renseignement américaine et européenne doute de sa capacité à gouverner encore très longtemps. Ils sont inquiets qu’il puisse être tenté de faire rouler les tambours annonçant un affrontement militaire entre les marines israélienne et turque, dans le seul but de détourner l’attention de l’opinion publique des problèmes qui assiègent son propre pays. « Pour le Premier Ministre Turc, ce serait une voie sans issue », affirment ces sources.
2. Elles critiquent également comme manquant totalement de perspicacité la menace proférée par le Ministre des affaires étrangères turc de diriger la révolte arabe jusque devant le seuil de la porte d’Israël. Il serait mieux avisé, disent-elles, de se préparer au danger très palpable d’une contamination du soulèvement syrien qui pourrait fort bien déborder en Turquie.
Concernant la situation économique de la Turquie, ceux qui sont pour une adhésion de la Turquie à l'Europe devraient savoir que nous paieront aussi pour la dette turque en plus des régions de l'intérieur de la Turquie qui sont encore au moyen âge!
DEBKAfile Reportage exclusif September 4 septembre 2011, 9:55 AM (GMT+02:00)
Adapté Par Marc Brzustowski
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