L'essayiste Djemila Benhabib n'est pas de ceux qui prennent la plume pour gagner des galons. «Je suis entrée dans l'écriture par la porte étroite de la survie», rappelle-t-elle.
Connue depuis la publication de son essai Ma vie à contre-Coran (VLB éditeur), en 2009, elle a vécu de l'intérieur l'islamisme politique qu'elle dénonce. Au milieu des années 1990, elle a dû quitter l'Algérie. Le Groupe islamique armé (GIA) avait ordonné aux femmes le port du voile. De nombreuses résistantes ont été exécutées. Condamnée à mort parce que femme, féministe et laïque, Djemila Benhabib a choisi ce jour-là de se battre.
Farouchement opposée au port du voile, elle profite de toutes les tribunes pour répéter ce message : l'islam politique est une idéologie d'extrême droite qui prône la fusion entre l'islam et l'État. L'islam devient religion et État à la fois, et la charia tient lieu de Constitution. Or, cette charia se fonde sur la supériorité du musulman sur le non-musulman et sur la supériorité de l'homme sur la femme.
Dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, l'essayiste prend de nouveau la plume pour affirmer que l'Occident est en voie de perdre sa bataille contre l'islamisme politique. «Cette idéologie totalitaire est en train d'agir sur l'organisme planétaire comme un abcès qui, peu à peu, gangrène ses principaux membres ! » affirme-t-elle.
Dans la dernière partie de sa démonstration, Djemila Benhabib s'intéresse plus particulièrement au Québec. Elle revient sur l'empoignade au sujet du voile islamique. Elle dénonce avec vigueur la décision de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), en mai 2009, d'appuyer le port du voile islamique par les employées de la fonction publique québécoise, écorchant au passage Québec solidaire. «J'étais à mille lieues d'imaginer le basculement de la FFQ, son extrême vulnérabilité face à des forces islamistes bien organisées et structurées, j'étais à mille lieues de soupçonner son déclin programmé ainsi que son instrumentalisation par Québec solidaire», écrit-elle. De la dynamite ! L'auteure s'en prend avec tout autant de véhémence à la ministre de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, qui s'est rangée à la position de la FFQ.
Voilà un livre qui suscitera bien des débats... [...]
Source : Écrire pour survivre, par Pierre Cayouette, L'actualité, 1 septembre 2011
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