dimanche 17 mars 2013

Importantes défections au sein de l'armée syrienne


Un général de l'armée syrienne et une vingtaine de militaires ont fait défection samedi, ont rapporté des opposants au régime de Bachar el-Assad, selon lesquels ces deux événements ne sont pas liés.

Le général Mohamed Khalouf est apparu vêtu d'un uniforme militaire à l'antenne de la chaîne de télévision Al Arabia. Il a dit avoir préparé sa fuite depuis un certain temps avec l'opposition.  "Il n'est pas possible d'accepter la moindre des idées défendues par ce régime", a dit ce général.

Les médias officiels syriens n'ont pas fait état de sa désertion.

Les défections de responsables civils ou militaires se sont ralenties ces derniers mois en Syrie, où le régime de Bachar el-Assad est confronté depuis mars 2011 à un soulèvement populaire devenu une rébellion armée.

Dans un rapport publié cette semaine, l'Institut international pour les Etudes stratégiques (IISS) a estimé que les forces du régime, dont les effectifs étaient évalués à plus de 300.000 membres au début du soulèvement, ne cessaient de diminuer en nombre.  L'IISS pense que le régime peut encore compter sur la fidélité de 50.000 hommes, dont la plupart seraient issus de la minorité alaouite du pays, comme Bachar el-Assad.

De nombreux déserteurs racontent que leurs unités sont confinées dans des casernes pour empêcher les fuites.

Dans le centre de la Syrie, une vingtaine de militaires sont parvenus à quitter leurs postes et à rejoindre des territoires rebelles près de Palmyre, théâtre de combats depuis deux jours, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), organisation basée à Londres s'appuyant sur un réseau d'informateurs sur le terrain.


La CIA observe les islamistes
Sur le terrain, de violents combats faisaient rage autour de quatre principales villes du pays, Damas, Homs, Alep et Idleb. Les violences ont fait vendredi 151 morts, dont 55 civils, 57 rebelles et 39 soldats à travers la Syrie, selon un bilan provisoire de l'OSDH.

Parallèlement, le Los Angeles Times a rapporté samedi que la CIA recueille actuellement des renseignements sur des islamistes radicaux en Syrie en vue de les liquider ultérieurement par des frappes de drones.
Citant d'actuels et d'anciens responsables américains, ayant gardé l'anonymat, le quotidien indique que le président Barack Obama n'a pas encore autorisé des attaques de drones en Syrie, mais que le service de contre-terrorisme de la CIA y a récemment affecté plusieurs agents à la surveillance de militants extrémistes.

Les agents "chargés de les cibler" ont formé une unité avec leurs collègues ayant suivi les opérations menées par el-Qaëda en Irak. Certains éléments de l'organisation terroriste, croit-on savoir, auraient gagné la Syrie et rejoint les milices islamiques anti-gouvernementales, poursuit le journal.
Les agents "chargés de cibler" la Syrie sont basés dans le quartier générale de la CIA à Langley, (Virginie), précise le journal.


La centrale américaine, selon le Times, maintient également des liens étroits avec les services de renseignement saoudiens, jordaniens ainsi qu'avec d'autres, actifs en Syrie.

Les combattants islamistes jouent un rôle croissant dans la lutte contre les forces gouvernementales syriennes, indique le Los Angeles Times, ce qui a entraîné un regain d'intérêt à leur égard pour la CIA, ajoute le journal.
Le département d'Etat américain croit que l'une des plus puissantes milices syriennes de l'opposition, le Front al-Nosra, est une organisation terroriste qu'il est impossible de distinguer de l'organisation el-Qaëda en Irak, relève le Times.


L'UE s'oppose à l'armement des rebelles

Ces informations interviennent alors que Paris et Londres se sont déclarés prêts à armer les rebelles même sans le consentement de l'Union européenne. "Des armes sont livrées par des pays, dont la Russie, à Bachar el-Assad et son régime. Nous devons en tirer toutes les conclusions et l'Europe doit prendre sa décision dans les prochaines semaines", a dit le président François Hollande à l'issue du sommet européen à Bruxelles.

Pour Catherine Ashton, la représentante de la politique étrangère de l'UE, une telle initiative pourrait compliquer la recherche d'une solution diplomatique au conflit entre les rebelles et le régime syrien.
"Alimenter le champ de bataille en armes, cela rend-il plus ou moins probable le fait que d'autres en fassent de même? Quelle serait la réaction d'Assad si l'on songe à ce que l'on sait de ses réactions jusqu'à présent? Est-ce que les gens ne se feraient plus tuer ou est-ce que les gens se feraient tuer plus vite?", s'est interrogée Catherine Ashton lors d'une conférence organisée en Allemagne par le Fonds Marshall, organisation prônant un renforcement des liens transatlantiques.

Vendredi, le Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres, avait déjà lancé à Beyrouth un cri d'alarme face aux risques d'embrasement de la région: "Si le conflit syrien se poursuit, il y a un réel risque d'explosion au Moyen-Orient et il sera impossible de répondre à ce défi tant sur les plans humanitaire, politique ou sécuritaire".
Le conflit risque en effet de déborder après les menaces de Damas envers le Liban voisin, le ministère syrien des Affaires étrangères menaçant de frapper en territoire libanais les "bandes armées" passant clandestinement en Syrie.


Dans une rare démonstration d'unité, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont dits "très inquiets" de ces "incidents frontaliers répétés", en citant des tirs meurtriers "par-dessus la frontière, des incursions, des enlèvements et un trafic d'armes".

Samedi, le président libanais, Michel Sleiman, a déclaré que le Liban doit empêcher les combattants de franchir la frontière pour entrer en Syrie.

Damas a également accusé Amman de laisser entrer en Syrie des jihadistes et des armes. "Nous déplorons le changement d'attitude de la Jordanie, qui laisse depuis une dizaine de jours passer par sa frontière des jihadistes et des armes croates achetées par l'Arabie saoudite", a affirmé vendredi à l'AFP une source de sécurité à Damas, jointe par téléphone à partir de Beyrouth.

Sur le plan politique, l'opposition syrienne tentera de nouveau lundi et mardi à Istanbul (Turquie) de désigner un chef de gouvernement pour les zones rebelles, un choix cependant contrarié à plusieurs reprises par des "interventions extérieures", a affirmé vendredi à l'AFP un de ses membres.

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