jeudi 28 mars 2013

Pas de preuve que l'homme abattu en Belgique appartenait à un réseau

La justice belge ne dispose pas à ce stade d'éléments indiquant que le Français d'origine algérienne abattu mardi sur une autoroute en Belgique et soupçonné d'intentions terroristes faisait partie d'un réseau islamiste, a déclaré jeudi la ministre belge de la Justice.

A l'heure actuelle, on ne peut pas dire que c'est un réseau, il n'y a pas d'éléments pour dire cela, a déclaré la ministre, Annemie Turtelboom, devant la Chambre des députés.

La presse belge avait exprimé son soulagement qu'une affaire Merah, du nom du tueur de Toulouse, avait pu être évitée en Belgique, mais elle s'interrogeait sur d'éventuelles complicités ou ramifications avec des groupes comme Al-Qaïda.

Revenant sur l'historique de l'enquête, Mme Turtelboom a expliqué qu'Hakim Benladghem, un Français d'origine algérienne de 39 ans né à Nancy (nord-est de la France), avait fait l'objet d'une surveillance dès 2010. 

Il avait notamment été suivi dans le cadre d'une enquête sur son implication éventuelle dans les activités d'un groupe de terroristes issu de la mouvance islamiste radicale et visant à mener le jihad à l'étranger, a-t-elle précisé.

Cette enquête n'avait révélé aucun élément d'une menace en Belgique ou en Europe, a ajouté la ministre, en soulignant qu'il n'avait pas été inculpé à l'époque.

Les autorités judiciaires françaises sont cependant venues en Belgique fin 2012 parce qu'elles soupçonnaient Benladghem d'appartenir à une association de malfaiteurs à des fins de terrorisme, a précisé Mme Turtelboom.

Les enquêteurs ont alors eu la conviction qu'il était dangereux et qu'il se procurait du matériel paramilitaire, ce qui a provoqué l'ouverture d'une nouvelle enquête début 2013.

Les enquêteurs ont pu apprendre qu'il était impliqué dans un braquage commis dans un restaurant bruxellois le 21 mars et qu'il était en train de préparer un autre fait de même nature, certains éléments indiquant qu'il comptait agir avant mercredi soir, a poursuivi Mme Turtelboom.

C'est pourquoi la justice a décidé de l'intercepter mardi. C'est au cours d'une tentative d'arrestation sur l'autoroute Tournai-Bruxelles que le suspect a tiré sur la police, qui a répliqué et l'a abattu.

Plusieurs journaux belges décrivaient jeudi Hakim Benladghem comme un ancien légionnaire formé dans un régiment parachutiste français.

Des députés ont qualifié d'ahurissant l'arsenal découvert mardi à son domicile d'Anderlecht, en région bruxelloise. Des fusils à pompe, fusils-mitrailleurs et munitions laissent penser que l'homme avait le profil d'un membre du grand banditisme. 

Mais des masques à gaz, un casque blindé équipé d'un dispositif de vue nocturne, un bouclier blindé de plus de 30 kilos et des rations de survie découverts au même endroit semblent indiquer qu'il s'était également préparé à résister à un assaut semblable à celui mené en mars 2012 pour capturer Mohamed Merah, l'extrémiste musulman auteur de sept assassinats dans le sud-ouest de la France.

Enfin, des explosifs, des clous et des drapeaux portant la chahada, la profession de foi des musulmans, dont certains dans une graphie utilisée par les jihadistes liés à Al-Qaïda, font le lien avec la mouvance jihadiste, relevait la presse belge.

Selon l'Esics, un centre privé d'analyse de la sécurité et du terrorisme installé à Bruxelles, Hakim Benladghem avait tenté, au moins à trois reprises, de pénétrer dans la bande de Gaza par la frontière égyptienne, en 2008, afin d'y combattre l'armée israélienne.

Inquiété par la police à son retour, il aurait, selon le quotidien belge Le Soir, juré vouloir se faire un cagoulé, c'est-à-dire un membre des unités spéciales.

La ministre n'a pas confirmé ces éléments de l'enquête, couverts par le secret de l'instruction.

La compagne d'Hakim Benladghem, interpellée mardi à Bruxelles, a été inculpée pour détention d'armes de guerre et de munitions et placée en détention préventive.

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