dimanche 17 mars 2013

Syrie : halte au bourrage de crâne !

Par Dominique Jamet
Donc, il faut de toute urgence, et toutes réflexions cessantes, fournir aux« révolutionnaires » syriens les armes qui leur permettront de faire jeu égal avec les forces gouvernementales et de renverser le régime honni que la France, le Qatar et Al Qaida, alliés de circonstance, ont résolu de rayer de la carte. Ainsi en a-t-il été décidé là où l’on décide pour le peuple, sans consulter le peuple, dans le secret des dieux qui nous gouvernent sur la base d’informations biaisées, d’analyses improvisées, et sous la pression de lobbies qui excellent à faire croire qu’ils représentent autre chose qu’eux-mêmes ou que des intérêts inavouables.
Quoi qu’il en soit, tout se met en place pour le tournage du remake d’un nanar vieux de dix ans, et sur la base d’un scénario cousu des mêmes énormes ficelles. L’éternelle machine de propagande qui vise à vulgariser, à imposer et à vendre les causes les moins justes et les moins populaires nous ressert, rhabillés au goût du jour, les mêmes arguments, les mêmes mensonges, les mêmes fables qui ont fait avaler aux bonnes gens, en 2003, la deuxième guerre d’Irak.
On dénonçait alors la répression sauvage, par Saddam Hussein, des menées subversives des Kurdes et des chi’ites qui, dûment encouragés et soutenus par les États-Unis, remettaient en cause l’unité et l’existence même de l’Irak. On stigmatise aujourd’hui la violence d’un régime qui riposte par les armes, comme le ferait tout gouvernement, à l’insurrection armée qui menace la structure et la pérennité même de la Syrie. Par un prodige inexplicable, le nombre des victimes de la guerre civile (victimes du reste réparties entre les deux camps) a bondi en l’espace d’une semaine de 40 000 à 70 000 puis, de la bouche même du président de la République, à « près de cent mille ».
Saddam Hussein, il y a dix ans, était accusé d’avoir fait de l’Irak la base arrière d’Al Qaida. Aujourd’hui, Bachar est accusé de collusion avec le Hezbollah, organisation inscrite dans les pages vertes de l’annuaire du terrorisme par l’Occident. Saddam Hussein disposait d’un arsenal complet et terrifiant d’armes de destruction massive dont la révélation par Colin Powell déclencha le feu vert de l’ONU. Bachar, de source aussi sûre, s’apprête à faire usage des armes chimiques qu’il possède et dont l’emploi est aussi rigoureusement proscrit que le recours aux voitures piégées est recommandé. Le but de la coalition conduite par George Bush était – et le résultat de la guerre devait être – l’instauration de la démocratie en Irak. L’Irak, morcelé, déchiré, administré par une majorité chi’ite despotique et revancharde, est l’un des dix pays les plus corrompus et l’un des moins sûrs de la planète. On nous assure que tout sera fait pour contrôler la livraison et l’utilisation des armes que la France et la Grande-Bretagne ont l’intention de fournir à la rébellion, de telle sorte qu’elles ne tombent pas dans de mauvaises mains, et cela alors qu’aux dernières nouvelles, les islamistes d’Al Nosra sont en train de prendre le contrôle de l’insurrection.
Bref, on nous bourre le mou dans la grande tradition des opérations de décervelage auxquelles les démocraties en temps de guerre ne sont pas moins sujettes et vulnérables que les régimes autoritaires. Dissipons le nuage de fumée émis par toutes les officines gouvernementales et para-gouvernementales qui nous bourrent le crâne et revenons à la seule question qui vaille : quel intérêt et quelle raison peut bien avoir la France de concourir à la mainmise de l’islamisme sur la Syrie ?

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