lundi 18 mars 2013

La France et la Grande Bretagne font fi des objections US

En travaillant par l’entremise de la Jordanie, la Grande-Bretagne et la France sont déterminées à transférer des cargaisons d’armes aux rebelles syriens combattant Bachar al Assad – prenant clairement leurs distances, pour la première fois, avec les objections de l’Administration Obama, dans le cours de cette guerre civile qui dure depuis deux ans en Syrie.
Ces deux puissances européennes se sont engagées par des mesures concrètes à rendre possible cette décision.
Les sources militaires exclusives de Debkafile révèlent que le chef d’Etat-Major jordanien, le Lieutenant-Général Mashal Mohammad Al Zaben s’est envolé secrètement vers Bruxelles, à bord d’un avion affrété par l’armée britannique, vendredi 14 mars, alors que les 24 dirigeants de l’Union Européenne, menés par la chancelière allemande, Angela Merkel, votaient contre la motion, qui leur était présentée par le Premier Ministre David Cameron et le Président français François Hollande, de mettre un terme à l’embargo sur les armes à l’intention de l’opposition syrienne.
Le Président du Conseil de l’Europe, Herman Van Rompuy a déclaré que les ministres des affaires étrangères de l’UE évalueront, à nouveau, le maintien de cet embargo, lors d’une rencontre à Dublin, les 22 et 23 mars.
A l’extérieur du Parlement, le général jordanien s’est assis calmement avec les responsables de l’armée et de la sécurité britannique, pour planifier les détails du transfert d’armes britanniques à travers son pays, et décidé à quelles unités rebelles syriennes elles seraient attribuées.
Ce choix est d’une importance prépondérante, parce que le Président Barack Obama rend compte de son objection à laisser les rebelles syriens obtenir des armes occidentales, à cause du risque qu’elles tombent entre les mains des milices islamistes, telles que le Jabhat al-Nusra, associé à Al Qaeda.
Au cours des douze dernières années, depuis l’invasion de l’Afghanistan, par l’OTAN, menée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont marché fidèlement dans les pas de l’Amérique, en matière de politique militaire et des renseignements, face au monde musulman – même s’ils ne le faisaient pas toujours dans le même état d’esprit. La quête affichée, par les deux puissances européennes, d’une voie indépendante, dans un conflit moyen-oriental volatile vaut, par conséquent, la peine d’être noté.
A la suite du rejet, par le Sommet de l’UE, de leur demande d’alléger l’embargo sur les armes, Cameron a déclaré : « La Grande-Bretagne est un pays souverain. Nous avons nos propres politiques étrangères, sécuritaires et de défense. Si nous souhaitons mener une action individuelle, et que nous pensons que c’est dans notre intérêt national, il est évident que nous sommes libres de le faire ».
Il s’agit, effectivement, d’un acte de défiance, même atténué, à l’encontre d’une politique présidentielle américaine, au sujet d’un problème international crucial. C’est en contraste évident avec la façon dont les dirigeants britanniques et leurs ministères des affaires étrangères ont mis l’accent, au cours des dernières années, sur les « relations spéciales » sans faille, entre Londres et Washington.
Le Président Hollande devait dire : “Assad n’est pas intéressé à trouver une solution politique à ce conflit vieux de deux ans et l’Europe ne peut pas rester passive, alors que les Syriens se font massacrer. Nous devons aussi prendre nos responsabilités », a-t-il dit.
C’était une façon diplomatique de dire que Paris avait perdu patience envers la politique de “wait-and-see” du Président Obama, qui relègue la fin de la guerre civile syrienne au bon vouloir et aux initiatives diplomatiques du Président russe Vladimir Poutine.
Hollande réglait aussi ses comptes avec Obama, pour son refus de rassembler des forces militaires, lorsque les Français ont lancé leur expédition en janvier, pour venir au secours du Mali et l’arracher des griffes des islamistes terroristes liés à Al Qaeda.

Pour le Premier Ministre britannique, la décision était plus difficile. Elle place son gouvernement du côté de l’Arabie Saoudite et du reste des Emirats du Golfe. Ils désapprouvent fermement la tentative d’Obama de conditionner la non-livraison d’armes aux Syriens rebelles, dans un package plus vaste qui aboutirait au consentement de l’Iran de renoncer à une partie de son programme nucléaire – une contrepartie espérée, en échange du fait de laisser Téhéran renforcer son alliance avec le régime Assad et le Hezbollah libanais. Le roi jordanien Abdallah a décidé de se joindre à la décision anglo-française d’armer les rebelles syriens, après y avoir été fortement incité par l’Arabie Saoudite, qui soutient qu’à moins de stopper Al Qaeda, ses conquêtes territoriales ne couvriront pas seulement des régions entières de Syrie, mais également d’Irak, amenant les Jihadistes aux portes des deux frontières de la Jordanie.
DEBKAfile Reportage Spécial 
 
Adaptation : Marc Brzustowski.

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