mardi 24 janvier 2012

Nouveau parlement en Egypte

Une nouvelle ère politique a commencé en Egypte samedi, après que les partis islamistes aient remporté près des trois quarts des sièges aux élections parlementaires. Les islamistes prennent le pouvoir dans une nation enlisée dans une crise économique, où l’héritage du pouvoir militaire corrompu de l’époque de Moubarak est encore très présent.
Les Frères musulmans dominent donc aujourd’hui la scène politique et religieuse en Egypte, avec plus de 47% des suffrages. Ils ont gagné 498 sièges à la chambre basse du parlement, selon les résultats officiels définitifs. L’autre parti islamiste ultraconservateur (mais salafiste) Al Nour, a gagné près de 25% des sièges. Loin derrière, les partis laïques Wafd et le Bloc Egyptien, avec environ 9% chacun.

Les résultats confirment la transformation radicale de la confrérie islamiste, qui pendant des décennies a été interdite de politique et subissait les arrestations et la torture de ses membres. Les frères musulmans menaçaient alors le pouvoir en place de coup d’Etat et organisait ponctuellement des attentats. Malheureusement pour l’Occident, la victoire des Frères Musulmans et d’Al Nour est un signe puissant qui montre que l’islam politique est en train de remplacer les autocrates laïques à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Un nouveau parlement « n’aurait pas vu le jour si ce n’était pas pour le sang pur des martyrs qui ont déclenché cette révolution, » a déclaré un porte parole de mouvement islamiste. « Le parti estime que la renaissance de l’Egypte et son développement exigent la participation de tous les groupes identitaires de cette nation. Chacun a une responsabilité à remplir. »
Et si les Frères Musulmans sont euphoriques, ils vont devoir bien vite prendre les choses en main. Car des troubles majeurs sont en préparation dans toute l’Egypte. Le parlement, qui tiendra sa première session lundi, va devoir lutter contre d’énormes problèmes sociaux-économiques. Le chômage, l’inflation, la baisse des investissements étrangers, la chute du tourisme, les grèves de fonctionnaires, la baisse des réserves étrangères (passées de 36 milliards de dollars à 10 milliards en 12 mois), sont autant de problèmes majeurs auquels le pays est confronté actuellement. Et il faut ajouter les crises diplomatiques qui couvent : l’Egypte pense sérieusement pouvoir toucher au traité de paix signé il y a plus de 30 ans avec Israël.
Autre problème majeur qui pourrait paralyser ou au moins handicaper le pays : la lutte entre Frères Musulmans et Salafistes. Une lutte identitaire. Une lutte des religions. Quel Islam arrivera à façonner la nouvelle constitution ? Avec ses fonds venus des pays du Golfe, les salafistes espèrent bien prendre le chemin du grand frère saoudien.

Pas sûr de revoir des femmes en bikini au bord du Nil de sitôt !
 Elinor Cohen-Aouat – JSSNews

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