samedi 7 janvier 2012

Nouvelles et anciennes réalités des Frères Musulmans



Par Steven Emerson
On n’a pas encore totalement recompté les scrutins en Egypte, mais l’Administration Obama en a vu assez pour retourner sa veste et renoncer aux politiques de longue haleine, jusqu'alors bien enracinées, visant à éviter lesFrères Musulmans, à la mentalité théocratique, motivée par l’aspiration au Califat Global, dont la philosophie a engendré des mouvements terroristes, du Hamas à Al Qaeda.
Des rencontres de haut niveau entre des responsables américains et ceux des Frères Musulmans reflètent « une nouvelle réalité politique, ici [en Egypte], et, effectivement, dans toute la région", a cru bon de commenter le New York Times, dans un  article de une, mercredi, « alors que les groupes islamistes prennent le pouvoir ».
Ce qui est stupéfiant et dangereux dans cette récente reconnaissance américaine, c’est justement, que les dirigeants des Frères Musulmans sont devenus ouvertement plus radicaux et revendicatifs, une fois Moubarak évincé, diffusant des discours incendiaires qui appellent à des " opérations-suicide" contre Israël et un alignement avec le Hamas et d’autres groupes terroristes. Pourtant, comme le New York Times l’a écrit, l’Administration Obama a accepté comme crédibles «  les assurances répétées des Frères Musulmans, que ses députés veulent construire une démocratie moderne qui respectera les libertés individuelles, le libre-marché et les engagements internationaux, y compris le traité entre l’Egypte et Israël ».
Mais il existe une autre réalité qui semble sciemment négligée. Et il s’agit de l’histoire de la Confrérie, faite de tromperie et de duplicité, de politiques qui reflètent son modus operandi, permettant d’obtenir une légitimité en Egypte et à travers le monde, tout en continuant toujours à promouvoir un agenda propagandiste. Lorsque certains responsables des FM racontent aux responsables américains qu’ils respecteront les libertés individuelles et honoreront le traité de paix avec Israël, il n’est pas difficile de trouver des preuves accablantes qui dépeignent un tableau très différent et extrêmement dérangeant.
Comme nous l’avons rapporté la semaine dernière, Les Frères Musulmans sont sur le point de dominer le prochain gouvernement égyptien après avoir juré, au printemps dernier, qu’ils ne cherchaient pas à imposer un pouvoir de ce genre. Le chef-adjoint du groupe a annoncé que  la Confrérie « ne reconnaîtra jamais Israël sous aucun prétexte » et qu’elle pourrait exiger un referendum à propos de ce traité de paix.
Plus tôt dans l’année, elle a cherché à dissimuler à son auditoire anglophone ses statuts et ses appels à « la nécessité de travailler à l’établissement d’un Etat Islamiste » , en les retirant de ses sites internet. La semaine dernière, cependant, le Guide Suprême Mohammed Badie a donné une allocution rappelant à ses adeptes l’agenda  poursuivi par le fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna. « Cela commence par la réforme de l’individu et, ensuite, par commencer à rebâtir la famille et la société, ensuite, le gouvernement ; puis le Califat guidé avec droiture, ensuite l’inculquer au monde, inculquer la guidance, la sagesse, la vérité et la Justice ».
Les membres des Frères Musulmans doivent percevoir leur succès électoral comme une étape déterminante dans la direction qui permet de créer “le Califat guidé avec droiture”. Les Etats-Unis seraient fous de l’envisager différemment.
Ce serait, tout aussi, absurde de négliger  le palmarès des Frères Musulmans.
A la suite de la liquidation d’Osama Ben Laden par des commandos américains, les Frères Musulmans ont déclaré à leur auditoire en langue anglaise "l’une des causes de la violence dans le monde a été supprimée », selon un reportage de Reuters. En arabe, cependant, ils ont fait référence au fondateur d’Al Qaeda et planificateur de massacres de masse dans les termes honorables de « Cheikh » et l’ont désigné comme un Shahid, ou martyr. La déclaration  fustigeait également l’attaque américaine comme constituant un assassinat.
En dépit de leur réputation acquise auprès de certains en Occident, comme de soi-disant « modérés », les responsables des Frères Musulmans approuvent d’ordinaire le terrorisme. Le Hamas, le groupe terroriste palestinien qui a le contrôle de Gaza, se déclare comme étant la branche palestinienne des Frères Musulmans. Ses intentions pacifiques comprennent des réitérations récentes de son engagement envers le Jihad violent et son serment de ne jamais accepter le droit à l’Existence de l’Etat d’Israël.
“Notre présence aux côtés des Frères Musulmans constitue une menace pour l’entité israélienne”, a déclaré le mois dernier le Premier Ministre Ismaïl Haniyeh.
Pour ce que valent les positions déclaratives des Frères Musulmans dans leur « renonciation » à la violence, l’Associated Press a mentionné qu’ils « soutiennent le Hamas dans sa « résistance » contre Israël ».
Mais la menace de recours à la violence par les Frères Musulmans n’est pas limitée aux actions contre Israël. Le théologien influent des Frères Musulmans, Youssouf al Qaradawi a approuvé le kidnapping et le meurtre des civils américains en Irak, en 2004, comme constituant une obligation de façon à les contraindre à quitter l’Irak immédiatement ».
Plus récemment, Qaradawi a appelé les Musulmans à acquérir des armes nucléaires « pour terroriser leurs ennemis » et justifié le meurtre de femmes israéliennes, parce qu’elles servent dans l’armée. Il a  prié pour devenir, lui-même, un martyr en tuant un Juif de ses propres mains.

De façon incroyable, il n’y a eu aucune confirmation américaine ni de démenti, concernant le  reportage d’un journal indien, la semaine dernière, indicant que Qaradawi contribuait à faciliter des discussions de paix entre les Etats-Unis et les Taliban, ce qui, en soi, est scandaleux.
Mais, c’est la même administration dont le Directeur du Renseignement National a désigné les Frères Musulmans "comme un groupe très hétérogène, majoritairement laïc, qui a renoncé à la violence », lors d’une audience devant le Congrès, en février. James Clapper a tenté de poursuivre ce soutien au cours de déclarations ultérieures, mais son évaluation s’effondre face à tout ce que la confrérie a dit d’elle-même depuis sa fondation en 1928, en commençant par cette devise :
Allah est notre but, le Coran est notre constitution, le Prophète est notre guide, le Jihad est notre voie, et la mort au service d’Allah est la plus haute de nos aspirations ».
Il y a de bonnes raisons pour lesquelles les Etats-Unis ne commerce pas avec l’Iran ni ne reconnaît le gouvernement du Hamas à Gaza : offrir une reconnaissance unilatérale à des mouvements politiques ou gouvernements totalitaires ne peut que renforcer leurs idéologies terroristes. Eviter de côtoyer, boycotter et ostraciser les régimes et mouvements totalitaires qui promeuvent encore des idéologies et des politiques violentes est la seule manière ayant fait ses preuves de saper leur légitimité et de les contenir, en l’absence d’action militaire. Les Frères Musulmans, qui soutiennent le Hamas terroriste, peuvent bien proférer à l’Occident toutes les platitudes qu’ils sont capables de formuler. Mais l’enregistrement de leurs actions et de leurs déclarations en arabe démontre la vacuité de telles prises de parole.
Voici ce qu’a déclaré Badie, le guide suprême, en Octobre, à la suite de la décision d’Israël de relâcher plus de 1000 prisonniers, dont beaucoup sont des assassins du Hamas, en échange du soldat kidnappé Guilad Shalit : « L’accord prouve aussi qu’Israël ne comprend que le langage de la force et de la résistance. Seul ce langage, avec la permission d’Allah, est capable de libérer le peuple palestinien et de le soulager de sa souffrance, réduit en captivité par les Sionistes ».
La tromperie fait aussi bien partie du modus opérandi des Frères Musulmans aux Etats-Unis. La preuve en est apportée au cours du plus important procès pour financement du terrorisme dans l’histoire américaine, qui démontre que les Frères Musulmans ont créé un réseau d’organisations de soutien au Hamas, ici même, opérant sous le sigle de « Comité Palestine ."
Une exposition, en 1991, “"Exposé des motifs du but stratégique global pour le Groupe en Amérique du Nord", décrivait le travail des Frères Musulmans en Amérique comme « une sorte de Grand Jihad visant à éliminer et détruire la civilisation occidentale de l’intérieur et à saboter sa misérable demeure de ses propres mains et des mains des Croyants, de sorte qu’il soit éliminé et que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions ».
Les enregistrements ont fourni au Tribunal “des preuves amplement suffisantes”, qui impliquaient le Conseil pour les Relations Américano-Islamiques (le CAIR) et ses fondateurs au sein du Comité Palestine, mais le CAIR a refusé de reconnaître  ces relations. Ces preuves ont conduit le FBI à rompre ses canaux de communication avec le CAIR, mais de très nombreux politiciens et décideurs politiques américains continuent de courtiser ce groupe.
Même si les responsables du gouvernement américain acceptent l’hypothèse que les Frères Musulmans constituent une nouvelle réalité dans le cadre des relations internationales, il reste profondément troublant que les Etats-Unis récompensent unilatéralement cette légitimité fondée tout récemment sans retirer la moindre concession démontrable que la Confrérie ait réellement modifié ses orientations politiques. Nous disposons encore d’un puissant levier, puisque nous soutenons l’Egypte à hauteur  d’1, 3 milliard de $ d’aide militaire par an et, au travers de l’aide économique fournie par l’Agence Américaine pour le Développement International. Au-delà de ce levier du soutien économique, il existe de nombreuses options que les Etats-Unis peuvent suivre, comme ils l’ont fait au travers d’un boycott international organisé contre l’Afrique du Sud, lorsqu’y existait un Etat d’Apartheid.
En légitimant les Frères Musulmans, plus que ne l’a jamais fait aucune Administration avant elle, les Etats-Unis sabordent les partis authentiquement laïcs et pluralistes, certes, il faut bien l’admettre, minoritaires en Egypte, mais qui soulèvent l’unique espoir de voir poindre des alternatives au renforcement des politiques autoritaires des régimes islamiques. Dans la totalité de l’histoire des prises de pouvoir par la force ou par les élections des régimes islamistes, il n’a jamais existé de régime islamiste  qui ait acquis pacifiquement le pouvoir.
Malheureusement, le baiser mortel de l’Administration Obama envers les Frères Musulmans en Egypte est parallèle à son adoption des branches américaines des Frères Musulmans et de ses groupes de choc, dont les responsables savent prononcer de belles paroles face à la Télévision américaine, tout en continuant, à couvert, de répandre leur idéologie et, dans de très nombreux dossiers, de financer la propagande islamiste et le terrorisme. A travers toute son histoire, les groupes issus des Frères Musulmans et leurs dirigeants à travers le monde, à commencer par Al-Banna, son fondateur, en Egypte précisément, ont répandu la doctrine conspirationniste incendiaire, selon laquelle l’Occident, les Chrétiens, les Juifs et les Infidèles ont secrètement conspiré à éradiquer l’Islam depuis 1095, l’année de la Première Croisade. A l’âge de la communication instantanée reliant le monde entier, la paranoïa délirante que les Non-Musulmans, particulièrement l’Occident, les Juifs et les Chrétiens, fomentent une guerre contre l’Islam, est devenu le facteur n°1 qui motive les terroristes islamistes et les incite à perpétrer leurs attentats. En Egypte, comme aux Etats-Unis et en Europe, les dirigeants des Frères Musulmans accusent les Juifs et les Etats-Unis dans les attentats du 11/09. Les dirigeants islamistes ont décrit l’arrestation de presque tous les terroristes islamistes arrêtés aux Etats-Unis comme la « preuve irréfutable de la guerre menée contre l’Islam ».
Les Frères Musulmans, où qu’ils se trouvent à travers le monde, du Caire à Chicago, cherchent à obtenir une légitimité au travers d’une campagne indieuse, faite de tromperie et de pénétration en douceur des sociétés occidentales et de leurs institutions. Cela défie le bon sens que d’offrir des gratifications unilatérales aux Frères Musulmans, sans exiger des actions concrètes consistant à les voir désavouer publiquement le soutien aux groupes terroristes et à arrêter définitivement de répandre ses messages incendiaires en direction des masses, affirmant qu’il existe une guerre contre l’Islam.
Sciemment ou non, les Etats-Unis  sont, désormais, devenus, le pourvoyeur de facto, d’une idéologie revendicatrice qui cherche, en définitive, la destruction de notre propre manière de vivre.
Steven Emerson

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