Alors que certains dans l’opposition craignent un enlisement de la France dans le conflit malien, un retrait partiel des troupes vient d’être annoncé pour le mois d’avril. L’historien Bernard Lugan, éminent spécialiste de l’Afrique, décrypte et analyse l’opération Serval.
En réponse aux doutes de Nicolas Sarkozy quant à l’utilité de l’intervention au Mali, François Hollande l’a justifiée par la nécessaire action de la France pour sauver des femmes victimes de la barbarie et de l’oppression islamistes…
Si l’attitude de Nicolas Sarkozy me parait très insolite, dans la mesure où il a officiellement déclenché la campagne libyenne pour des raisons « humanitaires » qui n’ont jamais tenu la route, l’opération Serval au Mali me semble beaucoup plus licite. Il était en effet impératif d’y intervenir rapidement, au risque de laisser Bamako tomber sous les feux islamistes et d’abandonner à leur sort d’otages près de 3 000 Français ou binationaux.
Toutefois, la déclaration d’Hollande de légitimer cette guerre à l’aune du droit des femmes est une vaste plaisanterie ! Dans cette optique, pourquoi alors ne pas intervenir en Arabie Saoudite, au Qatar, en Tunisie, en Égypte ou dans les banlieues !
Quid du retrait partiel des troupes françaises prévu par Jean-Yves le Drian pour courant avril ? La guerre est-elle réellement terminée ou est-ce une stratégie pour laisser le flambeau aux armées locales ?
C’est un effet d’annonce ! D’une part, le terme de « retrait partiel » n’a aucune signification : c’est une chose de replier 200 hommes, c’en est une autre d’en replier 3 000. En sus, la guerre n’est évidemment pas terminée. Si l’armée française se retire avant d’avoir totalement nettoyé le massif des Ifoghas et les zones à l’est de Gao, les djihadistes vont parvenir à rejoindre le sud de la Libye. La CEDEAO et l’ONU seront incapables de faire régner l’ordre sur l’arc sahélien et la septicémie islamiste va reprendre. La France est donc condamnée à rester au Mali et il sera d’ailleurs nécessaire qu’à l’avenir, nous ayons une nouvelle base dans la région de Gao ou de Tombouctou.
Devant le mutisme international et l’inaction de l’Union européenne, l’armée française sortira-t-elle grandie de l’opération Serval ?
En dépit des coupes budgétaires, les troupes françaises ont montré leur savoir-faire. Cette opération, avec très peu de moyens, restera dans les annales de par sa rapidité, son efficacité et son organisation. Aucune autre armée au monde n’en aurait été capable ! Les États-Unis se détournent de l’Afrique et les Européens ne s’y intéressent pas : la France aura de fait un rôle de surveillance de plus en plus important dans cette zone qui deviendra notre arrière-cour. C’est donc aujourd’hui une impérieuse nécessité d’avoir un deuxième porte-avion et des drones. Or ce n’est pas avec le budget du ministère de la Défense que la France parviendra à réarmer ses troupes.
La gauche, comme à son habitude, désarme, puis déclare la guerre quand il n’y a plus d’armée. C’est une vieille constante socialiste…
En réponse aux doutes de Nicolas Sarkozy quant à l’utilité de l’intervention au Mali, François Hollande l’a justifiée par la nécessaire action de la France pour sauver des femmes victimes de la barbarie et de l’oppression islamistes…
Si l’attitude de Nicolas Sarkozy me parait très insolite, dans la mesure où il a officiellement déclenché la campagne libyenne pour des raisons « humanitaires » qui n’ont jamais tenu la route, l’opération Serval au Mali me semble beaucoup plus licite. Il était en effet impératif d’y intervenir rapidement, au risque de laisser Bamako tomber sous les feux islamistes et d’abandonner à leur sort d’otages près de 3 000 Français ou binationaux.
Toutefois, la déclaration d’Hollande de légitimer cette guerre à l’aune du droit des femmes est une vaste plaisanterie ! Dans cette optique, pourquoi alors ne pas intervenir en Arabie Saoudite, au Qatar, en Tunisie, en Égypte ou dans les banlieues !
Quid du retrait partiel des troupes françaises prévu par Jean-Yves le Drian pour courant avril ? La guerre est-elle réellement terminée ou est-ce une stratégie pour laisser le flambeau aux armées locales ?
C’est un effet d’annonce ! D’une part, le terme de « retrait partiel » n’a aucune signification : c’est une chose de replier 200 hommes, c’en est une autre d’en replier 3 000. En sus, la guerre n’est évidemment pas terminée. Si l’armée française se retire avant d’avoir totalement nettoyé le massif des Ifoghas et les zones à l’est de Gao, les djihadistes vont parvenir à rejoindre le sud de la Libye. La CEDEAO et l’ONU seront incapables de faire régner l’ordre sur l’arc sahélien et la septicémie islamiste va reprendre. La France est donc condamnée à rester au Mali et il sera d’ailleurs nécessaire qu’à l’avenir, nous ayons une nouvelle base dans la région de Gao ou de Tombouctou.
Devant le mutisme international et l’inaction de l’Union européenne, l’armée française sortira-t-elle grandie de l’opération Serval ?
En dépit des coupes budgétaires, les troupes françaises ont montré leur savoir-faire. Cette opération, avec très peu de moyens, restera dans les annales de par sa rapidité, son efficacité et son organisation. Aucune autre armée au monde n’en aurait été capable ! Les États-Unis se détournent de l’Afrique et les Européens ne s’y intéressent pas : la France aura de fait un rôle de surveillance de plus en plus important dans cette zone qui deviendra notre arrière-cour. C’est donc aujourd’hui une impérieuse nécessité d’avoir un deuxième porte-avion et des drones. Or ce n’est pas avec le budget du ministère de la Défense que la France parviendra à réarmer ses troupes.
La gauche, comme à son habitude, désarme, puis déclare la guerre quand il n’y a plus d’armée. C’est une vieille constante socialiste…
Bernard
Lugan
Historien, spécialiste de l’Afrique.
Expert auprès du TPIR, conférencier au Centre des Hautes Etudes militaires, à l’Institut des Hautes Etudes de Défense nationale, il dirige un séminaire au Collège interarmées de Défense (Ecole de Guerre).
Il publie un blog.
Expert auprès du TPIR, conférencier au Centre des Hautes Etudes militaires, à l’Institut des Hautes Etudes de Défense nationale, il dirige un séminaire au Collège interarmées de Défense (Ecole de Guerre).
Il publie un blog.
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