Benoît XVI se trouve – en ce moment même, cet après-midi du vendredi 19 août 2011 – dans la basilique San Lorenzo, à Madrid où il lit le discours que voici devant 1'500 professeurs et enseignants universitaires (extraits adaptés) : « Vous qui avez vécu comme moi l'université, et qui la vivez maintenant comme enseignants, vous sentez sans doute le désir de quelque chose d'autre de plus élevé qui corresponde à toutes les dimensions qui constituent l'homme. Nous savons que quand la seule utilité et le pragmatisme immédiat s'érigent en critère principal, les pertes peuvent être dramatiques : des abus d'une science sans limites, bien au-delà d'elle-même, jusqu'au totalitarisme politique qui se ravive facilement quand on élimine toute référence supérieure au simple calcul de pouvoir ».
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« Au contraire, l'idée authentique d'université est précisément celle qui nous préserve de cette vision réductrice et détachée de l'humain. En réalité, l'université a été et est encore appelée à être toujours la maison où se cherche la vérité propre de la personne humaine. Ce n'est pas par hasard que l'Église a promu l'institution universitaire. La foi découvre une rationalité dans tout le créé et regarde l'homme comme une créature qui participe et peut parvenir à reconnaître cette rationalité. L'université incarne, donc, un idéal. C'est vous qui avez l'honneur et la responsabilité de transmettre cet idéal universitaire, un idéal que vous avez reçu de vos prédécesseurs, dont beaucoup d'humbles disciples et qui, en tant que tels, se sont convertis en géants de l'esprit ».
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« Nous devons nous sentir leurs continuateurs dans une histoire bien distincte de la leur, mais dans laquelle les questions essentielles de l'être humain continuent à réclamer notre attention et nous poussent à aller de l'avant. Avec eux, nous nous sentons unis à cette chaîne d'hommes et de femmes qui se sont engagés à proposer et à rendre crédible la foi devant l'intelligence des hommes. Et la façon de le faire ne signifie pas seulement l'enseigner, mais encore plus le vivre, l'incarner, de sorte que le Logos lui-même s'incarne pour placer sa demeure parmi nous. En ce sens, les jeunes ont besoin de maîtres authentiques ; des personnes ouvertes à la vérité totale dans les différentes branches du savoir, sachant écouter et vivant à l'intérieur d'elles-mêmes ce dialogue interdisciplinaire ; des personnes convaincues, surtout, de la capacité humaine d'avancer sur le chemin vers la vérité ».
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« La jeunesse est le temps privilégié pour la recherche et la rencontre de la vérité. Comme le disait Platon : « Cherche la vérité tant que tu es jeune, parce que si tu ne le fais pas, ensuite elle t'échappera des mains » (Platon, Parménide, 135d). Cette haute aspiration est la plus valable que vous puissiez transmettre personnellement et vitalement à vos étudiants. Aussi je vous exhorte de tout cœur à ne jamais perdre cette sensibilité et ce désir ardent de la vérité ; à ne pas oublier que l'enseignement n'est pas une communication aride de contenus, mais une formation des jeunes que vous devrez comprendre et rechercher, chez lesquels vous devez susciter cette soif de vérité qu'ils ont au plus profond d'eux-mêmes et qu'ils cherchent à assouvir. Soyez pour eux un encouragement et une force ».
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« Pour ce motif, il faut tenir à l'esprit, en premier lieu, que le chemin vers la vérité complète engage aussi l'être humain tout entier : c'est un chemin de l'intelligence et de l'amour, de la raison et de la foi. Nous ne pouvons pas avancer dans la connaissance de quelqu'un si l'amour ne nous anime pas. Il y a l'amour riche d'intelligence et l'intelligence pleine d'amour. Si la vérité et le bien restent unis, de même la connaissance et l'amour. De cette unité découle la cohérence de vie et de pensée, l'exemplarité qu'on exige de tout bon éducateur. En second lieu, il faut considérer que la vérité elle-même est toujours au-delà de nos efforts ».
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« Nous pourrons la chercher et nous approcher d'elle, mais nous ne pouvons pas la posséder totalement, ou mieux c'est elle qui se propose à nous et elle qui nous motive. Dans l'œuvre intellectuelle et d'enseignement, l'humilité est une vertu indispensable, qui nous protège de la vanité, laquelle ferme à l'accès à la vérité. Nous ne devons pas attirer les étudiants à nous-mêmes, mais les mettre en route vers cette vérité que tous nous recherchons. Dans cette tâche le Seigneur vous aidera, lui qui vous demande d'être prévenants et efficaces comme le sel, comme la lampe qui donne de la lumière sans faire de bruit », conclut Benoît XVI.
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Adaptation Michel Garroté http://drzz.fr/
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