Les émeutes de Londres constituent une très sérieuse alarme pour le Royaume-Uni. Mais aussi pour toutes les sociétés occidentales métisses et inégalitaires. La ressemblance avec les manifestations violentes en France de 2007 est évidente. Dans les deux cas une arrestation meurtrière par la police met le feu ici aux banlieues, là-bas aux inner cities, les «quartiers» anglais. Ce mouvement de rage urbaine largement animé par les «black british» n’est pas surprenant. La droite au pouvoir à Londres a tort de résumer cette fureur à des pillages coordonnés, menés par des gangs ethniques à l’heure des SMS et des Blackberry. Que des bandes organisées profitent du désordre des rues de Londres pour voler, c’est une évidence. Il reste que, comme en France, ces révoltes violentes, désormais étendues à toute l’Angleterre, montrent avant tout la dépossession et la colère d’une population qui se sent exclue, vivant aux marges de la société britanique. «Nous sommes des Nègres», disent les émeutiers pour marquer leur irréductible différence. Cette jeunesse croit si peu appartenir à ses propres quartiers qu’elle est prête à les brûler.
La société multiculturelle britannique montre ainsi ses limites et son incapacité à construire un «vivre ensemble». Comme partout en Europe ! Pour le moment, le gouvernement conservateur n’a apporté qu’une réponse policière massive à ces très graves désordres, qui sont d’ailleurs condamnés par les représentants des communautés noires britanniques. Mais, le Premier ministre, David Cameron, va devoir faire beaucoup plus s’il entend donner un sentiment d’appartenance aux exclus de Tottenham et de Brixton.
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