Selon « Al Raï », les équipes chargées de traquer les financements du régime syrien, afin d’accentuer les pressions sur Assad et le contraindre à cesser la répression - qui frôle les crimes contre l’humanité - auraient établi des liens financiers étroits entre le régime syrien d’une part, et le Premier ministre libanais et son frère d’autre part.
Selon la même source, Washington finit par admettre - ce qui était pourtant une évidence - que la Syrie a utilisé le Liban, durant des décennies, pour les blanchiments d’argent et l’enrichissement du clan au pouvoir à Damas. Des affaires liées aux détournements d’argent irakien, sous Saddam Hussein, dans ce qui fut appelé « Pétrole contre nourriture », impliqueraient également des responsables libanais, anciens et actuels, et des responsables syriens.
Selon les sources du Trésor américain, il serait difficile aux frères Mikati d’occulter leurs liens avec Assad et d’échapper aux sanctions, si celles-ci étaient décidées. D’ores et déjà, le secteur bancaire libanais est sous haute surveillance, accusé de financer le régime syrien et de servir le Hezbollah.
Après avoir domestiqué la Présidence de la République, à travers Michel Sleiman imposé par la Syrie à la tête de l’armée puis du pays, lire ici pour le comprendre et après avoir occupé le Parlement à travers Nabih Berri, chef du mouvement chiite Amal, le Hezbollah vient d’imposer l’un de ses financiers à la tête du gouvernement. Bien qu’il se présente comme un modéré, centriste et homme de consensus, Mikati ne demeure pas moins l’homme de l’ombre du Hezbollah, l’un de ses argentiers et un proche de Bachar al-Assad.
En effet, « le Figaro » dresse le portrait de Mikati et, par naïveté ou par préméditation, semble le griller auprès d’une large partie de Libanais qui ignoraient encore la nature de cet homme. De ce fait, il est légitime de croire qu’il ne pourra pas gouverner longtemps au cas où il réussisse à former un cabinet représentatif de l’ensemble des sensibilités politiques libanaises.Selon le quotidien français, « Mikati a fait ses preuves professionnelles, ce qui lui vaut la confiance des milieux d’affaires. Diplômé de l’Université américaine de Beyrouth, de l’Insead français et de Harvard, Mikati détient avec son frère aîné, Taha, le holding M1, présent dans les télécoms (l’opérateur sud-africain MTN), le transport aérien, l’industrie pétrolifère, l’industrie agroalimentaire, la banque, l’immobilier ou encore la mode (Façonnable). Entré en politique en 1998 en tant que ministre des Transports et des Travaux publics, Mikati a été brièvement premier ministre, en 2005, pendant la période de transition qui a suivi le retrait des troupes syriennes du Liban. Actionnaire majeur du quotidien libanais « Al-Akhbar », proche du Hezbollah, mais aussi bailleur du think-tank International Crisis Group (ICG), Najib Mikati n’a jamais caché ses ambitions politiques nationales auxquelles la ville de Tripoli sert de tremplin - sa fondation y emploie des centaines de personnes et aide des milliers de gens ».
De ce qui précède, les Libanais savent désormais que leur Premier ministre « de consensus » n’a de consensuel que le nom. Il a ainsi financé les campagnes de propagande menées par le Hezbollah contre l’ensemble de ses adversaires. Il en va des insultes contre le Patriarche maronite Nasrallah Sfeïr, dont la tête est réclamée par la Syrie, et des fuites concernant l’enquête et les enquêteurs internationaux dans l’assassinat de Rafic Hariri, ainsi que des mensonges concernant les liens entre Saad Hariri et les groupes terroristes extrémistes qui prospèrent au Liban, installés par la Syrie pour déstabiliser le pays du Cèdre et justifier l’occupation. En effet, les événements de Denniyeh, en décembre 1999 et janvier 2000, attestent que ces radicaux existaient bien avant l’arrivée de Saad Hariri aux affaires et démentent catégoriquement les supputations de Fida Itani et d’Al-Akhbar sur le financement des islamistes par Hariri. L’épisode du Fatah Al-Islam à Nahr el-Bared, que Hassan Nasrallah a défendu avec ses « lignes rouges », et la fuite de son émir Chaker al-Abssi, rendue possible par l’armée, viennent enfin de livrer leur secret. Les Libanais savent désormais pourquoi, comment, et grâce à quel financement l’International Crisis Group (ICG) a défendu la Syrie et le Hezbollah à Paris et qui a financé le lobbying de l’ICG aux Nations Unies.
Aujourd’hui, donner une chance à Mikati de former un « gouvernement de salut » c’est condamner le Liban à renoncer définitivement à sa souveraineté, à son indépendance et à son identité. Accepter le fait accompli c’est aussi accepter la transformation du Liban en République islamique calquée sur le modèle iranien, avec Hassan Nasrallah comme Guide suprême.
Chawki FreïhaSource « MediArabe.info »
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