Les rebelles qui contrôlent depuis deux jours la ville de Zaouïah, à l'ouest de Tripoli, ont lancé mercredi une attaque pour prendre la raffinerie dans les faubourgs la ville, l'une des dernières sources d'approvisionnement en carburant des forces pro-Kadhafi.
Ils espèrent nettoyer les dernières poches de résistance des forces gouvernementales dans cette localité à 50 km de la capitale, sur la route qui mène à la frontière tunisienne, et accentuer le bouclage de Tripoli, dernier bastion du "guide" Mouammar Kadhafi au pouvoir depuis près de 42 ans dont, selon Washington, "les jours sont désormais comptés".
Six mois après le début du soulèvement, les "révolutionnaires", qui ont abandonné le drapeau vert de Kadhafi pour celui de l'ancienne monarchie, rouge-noir-vert, ont ces derniers jours marqué des points à l'ouest et au sud de la capitale, qui se retrouve pratiquement isolée du reste du pays mais où le colonel libyen dispose encore de troupes nombreuses et bien armées.
A Zaouïah, des tireurs isolés postés au sommet de certains immeubles continuent de harceler les combattants rebelles. Des roquettes et des obus de mortier tombent sporadiquement sur la ville."Il y a quelques 'snipers' à l'intérieur de la raffinerie, dont nous contrôlons les entrées. On va bientôt lancer une attaque pour prendre le contrôle des installations", expliquait en fin de matinée Abdoulkarim Kachaba, un combattant rebelle.
En milieu de journée, on pouvait entendre des tirs nourris en provenance du complexe pétrolier, sur lequel flottait encore le drapeau vert de la Jamahiriya.
Le commandant rebelle dans le secteur, Oussama al Aroussi, a déclaré que l'oléoduc reliant la raffinerie à Tripoli avait été coupé mardi, ajoutant que les employés étaient pris en otages par les soldats de Kadhafi et ne pouvaient partir.Non loin de là, sous un pont, des insurgés chargeaient des munitions de gros calibre dans une voiture, avant de se diriger vers la raffinerie.
Le calme régnait ailleurs dans la ville, sous le contrôle de l'insurrection. Les rues étaient quasiment désertes, hormis quelques groupes de combattants rebelles, et les magasins étaient toujours fermés.
Les tirs de mardi ont fait trois morts et 35 blessés, en majorité des civils, a-t-on appris de source médicale.A Washington, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a estimé que le régime de Kadhafi n'en avait plus pour longtemps. "Je pense que le sentiment général, c'est que les jours de Kadhafi sont comptés", a-t-il dit.
Lors d'une conférence de presse retransmise par la télévision libyenne, le porte-parole du gouvernement Moussa Ibrahim a démenti les informations faisant état de la débandade des forces pro-Kadhafi.
"Il faut bien comprendre que les rebelles mènent une campagne médiatique pour faire croire qu'ils sont plus forts qu'ils ne le sont en réalité", a-t-il dit."Certains hommes politiques étrangers disent que les jours du régime sont comptés... Mais cela fait six mois qu'ils le disent et nous sommes toujours là."
L'isolement de Tripoli a relancé les rumeurs sur des négociations secrètes entre insurgés et gouvernementaux à Djerba, en Tunisie, où un émissaire de l'Onu est arrivé.
Mardi à Benghazi, le Conseil national de transition (CNT) mis en place par les insurgés a démenti négocier avec qui que ce soit, représentants de Kadhafi ou émissaire de l'Onu."Le CNT tient à assurer qu'il n'y a pas de négociations, directes ou indirectes, ni avec le régime de Kadhafi ni avec l'émissaire spécial des Nations unies", a dit Moustafa Abdeldjeïl, le numéro un du CNT.
La direction de l'insurrection a toujours nié chercher à conclure un compromis avec le dirigeant libyen, répétant que ce dernier devait partir ou être chassé par la force.
Un porte-parole du colonel Kadhafi a lui aussi assuré ne pas négocier avec les dirigeants rebelles.
L'émissaire de l'Onu Abdel Elah al Khatib s'est entretenu en différentes occasions avec des représentants des deux camps. Il effectue sa première visite dans la région depuis que les insurgés ont privé Tripoli de sa principale voie de communication terrestre avec la Tunisie.
Avec Robert Birsel à Benghazi, Phil Stewart à Washington et Missy Ryan à Tripoli, Guy Kerivel pour le service françaisPar Reuters
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